Dernier à être servi, l'emploi aura bientôt ses propres Assises. Prévu pour le mois d'avril prochain, l'événement constitue l'occasion pour les différents acteurs de débattre des mesures à mettre en place pour résorber la crise du chômage. Très attendues, les Assises nationales sur l'emploi, auxquelles prendront part l'ensemble des acteurs, politiques, économiques, mais aussi les ONG, car il s'agit là d'un droit tout à fait légitime, auront lieu au mois d'avril prochain. Annoncé en grande pompe, mercredi dernier, par le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, Mustapha Mansouri, en marge de la réunion de la commission des secteurs productifs et des affaires islamiques à la chambre des représentants sur la question "des diplômés chômeurs", l'événement constitue un tournant dans l'histoire de la vie politique, économique et sociale de notre pays. Objectif : débattre des moyens à mettre en œuvre pour résorber le chômage des jeunes diplômés, notamment à travers l'encouragement des initiatives privées et la mise en place des mesures incitatives, notamment fiscales pour faciliter l'intégration de cette frange de population dans la vie active. Certes, le gouvernement a réussi à apaiser les tensions en instaurant un climat de paix sociale, même si on dénombre encore quelques grèves par-ci et par-là, mais n'a rien pu faire face aux mouvements de sit-in répétés des jeunes diplômés chômeurs. Comme l'émigration clandestine, c'est un cliché qui nuit gravement à l'image du Maroc. Et ce n'est pas le Parti de l'Istiqlal, qui s'est fait casser les dents en héritant de ce dossier, qui dira le contraire. Lui qui a qualifié le chômage des détenteurs de diplômes de « honte ». C'est dire que pour le gouvernement, il était temps d'attaquer ce fléau. Car, aujourd'hui, le constat est alarmant : le chômage gagne de plus en plus du terrain. Les promesses faites par le Premier ministre, Driss Jettou, au mois de novembre dernier, alors que le projet de loi de Finances était encore en discussion, sont venus donner un coup d'accélérateur à l'action gouvernementale sur ce dossier très brûlant. Le plan d'action mis en place par le gouvernement vise essentiellement le secteur privé. Il semble que le public ne veut plus recruter, comme en témoigne la chasse ouverte aux « fonctionnaires fantômes » ou encore l'opération «départs volontaires ». Pris à la gorge par des considérations budgétaires, l'équipe Jettou mise sur le privé pour en faire le principal secteur pourvoyeur d'emplois, sinon le seul. D'ailleurs, les chiffres avancés par Mansouri, et qui concernent la période allant de 1996 à 2003, témoignent de la baisse continue du taux d'emploi dans l'Administration et qui ne dépasse pas, aujourd'hui, les 9,8 %, contre 76,6% dans le privé. Pour le gouvernement, la nouvelle politique consiste à assister les jeunes diplômés pour leur permettre d'accéder au marché de l'emploi, mais également développer un certain nombre de mesures accompagnatrices : sessions de formation sur l'intégration dans la vie active, les contrats de travail soutenus et l'assistance de la création par les demandeurs d'emploi de petits et moyens projets. Autrement dit, développer une approche globale de l'emploi en impliquant tous les acteurs concernés, dont notamment le ministère des Finances. La signature, dernièrement, d'une convention entre le ministère chargé de l'Enseignement supérieur et celui de l'Emploi et de la Formation professionnelle s'inscrit dans cette logique. L'objectif consiste à réaliser des programmes de formation pour les secteurs d'activités qui offrent plus d'opportunités d'emplois, à savoir les nouvelles technologies de l'information et de communication, la gestion d'entreprises, le textile, l'habillement, le contrôle de qualité et l'énergie solaire. Entre 1999 et 2003, l'économie marocaine a contribué à la création de 757.000 emplois, soit une moyenne de 189.000 emplois par an. C'est très peu. Après avoir signé un certain nombre de conventions avec des pays de l'Europe, notamment l'Espagne et l'Italie, et du Golfe, pour exporter la main-d'œuvre qualifiée, le gouvernement compte, plus que jamais, sur le privé et le retour de la croissance pour réduire le taux de chômage des jeunes diplômés.