Le Maroc s'apprête à adresser sa réponse aux dernières propositions de James Baker sur la résolution du problème du Sahara marocain. Le Premier ministre, Driss Jettou, s'est concerté sur ce sujet avec les leaders des partis politiques. Signe révélateur : l'Algérie observe depuis peu une neutralité positive. Une position confortée par une récente déclaration de l'ancien ministre de la Défense, Khalid Nezzar qui s'oppose ouvertement à la création de tout nouvel Etat dans la région. Le Premier ministre, Driss Jettou, devait rencontrer les chefs de partis politiques. Il l'a fait, mais le sujet est d'une importance capitale pour le pays. M. Jettou a informé les dirigeants politiques des développements concernant le dossier du Sahara marocain à la suite de la dernière proposition de James Baker, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan. La nouvelle proposition de M. Baker comporte quelques modifications par rapport à la première. Il s'agit notamment des prérogatives de l'instance qui doit gérer la période transitoire et la réduction de cette période de cinq à quatre ans. Dans ce cadre des prérogatives de l'instance transitoire, un point ne peut être accepté par les Marocains. Il s'agit de la possibilité donnée à cette instance de participer à la politique étrangère du Maroc et la présence de ses représentants dans toute délégation marocaine voyageant à l'étranger. Chose que les leaders des partis politiques marocains réunis avec le Premier ministre, Driss Jettou, auraient rejeté catégoriquement..Ces derniers estiment, selon des sources concordantes, qu'il s'agit ni plus ni moins d'une entrave à la souveraineté du pays et une atteinte à son unité nationale. D'autant plus que les propositions de M. Baker sont venues pour régler le problème lié au référendum devenu impossible. Pourquoi donc revenir sur cette donnée et proposer un schéma presque identique avec des concessions aux séparatistes ? Autre point et non des moindres, celui du corps électoral. Les règles d'identification sur la base desquelles travaille la Minurso ne peuvent être revues qu'après accord des parties concernées. La nouvelle proposition de M. Baker tente d'en apporter… Sur quelle base et dans quel dessein ? Là est toute la question. En fait, peut-on trouver un qualificatif à ce qui se passe autour des provinces du Sud marocaines, sauf à dire qu'il s'agit un conflit qui dure et d'une situation qui s'enlise ? Le Maroc avait, dès le début des années quatres-vingt, appelé à l'organisation d'un référendum d'autodétermination. Une opération de confirmation de la marocanité du Sahara. Il a fallu attendre des années pour que l'ONU prenne en charge le dossier et une mission spéciale pour l'organisation de l'opération référendaire soit installée sur place pour le début d'abord de l'identification. James Baker, l'ancien secrétaire d'État américain, est nommé par la suite représentant spécial du SG de l'ONU au Sahara. Tout un dispositif qui est en place mais, sur le terrain, le blocage demeure… Fin diplomate, M. Baker a effectué plusieurs visites dans la région et rencontré en divers lieux les parties concernées. Le processus reste au point mort. Et à chaque fois, on revient devant le conseil de sécurité pour d'abord demander la prorogation du mandat de la Minurso et ensuite faire état d'une nouvelle mouture de la proposition de M. Baker. La dernière en date a été rendue publique il y a peu de temps et les partis politiques marocains se sont concertés pour arrêter la position qui est la leur vis-à-vis de cette situation. Auparavant, fin janvier dernier, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a recommandé une prorogation technique du mandat de la Mission de l'ONU au Sahara (MINURSO) pour une période de deux mois, soit jusqu'au 31 mars, afin de donner aux parties le temps nécessaire d'examiner la proposition de la solution politique qui leur a été présentée par son envoyé personnel, M. James Baker. M. Annan n'est pas parti par quatre chemins pour attirer une nouvelle fois l'attention sur les souffrances que la prolongation du conflit inflige, depuis des années, à des milliers d'innocents dans les camps de réfugiés ou parmi les prisonniers de guerre retenus illégalement en faisant fi de toutes les conventions internationales. Le Conseil de sécurité avait décidé, le 30 juillet 2002, de proroger le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu'au 31 janvier 2003. Dans cette résolution, « le Conseil a notamment invité mon Envoyé personnel à poursuivre ses efforts pour trouver une solution politique à ce différend de longue date au Sahara occidental, en gardant à l'esprit les préoccupations exprimées par les parties et il s'est déclaré prêt à étudier toute solution assurant l'autodétermination. Le Conseil m'a également prié de lui remettre un rapport sur la situation avant la fin du présent mandat de la Mission, en y faisant figurer toute nouvelle proposition, ainsi que des recommandations sur la configuration de la MINURSO la plus appropriée. », avait rappelé le SG de l'ONU. James Baker s'est rendu dans la région du 14 au 17 janvier, et a de nouveau rencontré des représentants du gouvernement marocain, à Rabat, et les principaux responsables du Polisario à Tindouf, ainsi que des hauts représentants des Etats voisins, à l'occasion de ses visites à Alger et à Nouakchott. Maintenant, il est visible que M. Baker n'a pu faire aboutir ses premières propositions. Il a dû donc remodeler son texte pour répondre positivement aux divers interlocuteurs. Maintenant, au-delà de tout le débat sur la proposition de M. Baker, l'attitude des partis politiques est claire. Il n'est pas question de transiger sur les principes fondamentaux ayant toujours régi le traitement de cette affaire, à savoir la marocanité du Sahara et donc l'intégrité du pays. Toute autre tentative, comme celle de la société civile, qui suppléer aux canaux officiels de l'Etat et proposer une nouvelle solution, ne peut avoir l'assentiment des Marocains. Cela clair et ne prête à aucune confusion…