Driss Lachgar, membre du Bureau politique de l'USFP et président de son groupe parlementaire à la Chambre des représentants, affiche un optimisme mesuré sur l'avenir de la question du Sahara marocain. Entretien. ALM : Dans quelques jours, le conseil de sécurité se penchera sur la question du Sahara Marocain. Comment vous voyez l'évolution du dossier ? Driss Lachgar : Le secrétaire général des Nations unies est appelé à présenter un nouveau rapport au Conseil de sécurité à partir des réponses et remarques des différentes parties concernées par ce dossier. Au Maroc, nous sommes tous partisans d'un règlement politique de la question du Sahara. Cette solution politique est celle qui a été annoncée à travers le premier Plan Baker qui a été perçu positivement par le Maroc. Mais, de quel plan parliez-vous, sachant qu'il est, à présent, question d'une nouvelle version de ce plan ? La première version est exécutoire et obligatoire pour l'ensemble des parties. Cela veut dire que toute nouvelle formule est à même d'exposer le Conseil de sécurité à des contradictions insurmontables et il est, donc, inadmissible qu'elle ait une force de résolution exécutive et impérative, rien que parce qu'il y a eu de la pression de la part de certaines parties et de quelques Etats. La communauté internationale ne saurait accepter ce changement de positions ; sinon le Conseil de sécurité perdra de sa crédibilité et de sa neutralité. Que faire alors ? Nous ne pouvons qu'être en faveur de la solution politique à la question du Sahara marocain ; laquelle solution fait partie, maintenant, d'une tendance mondiale ; un fait qui démontre qu'il n'est plus question de revenir aux résolutions précédentes de l'ONU concernant l'organisation d'un référendum.
Nous sommes à la veille du 19 mai, c'est-à-dire de la présentation, par le secrétaire général des Nations unies au Conseil de sécurité, d'un nouveau rapport sur la question du Sahara, et nous constatons un regain de dynamisme au niveau de la diplomatie marocaine. Quel regard porteriez-vous à ce sujet ? Cette fois, les partis politiques ont été associés à la discussion et aux concertations concernant les derniers développements portant sur la question de l'intégrité territoriale du Maroc, particulièrement à la lumière des propositions de M. Baker. Cette démarche dote les options marocaines d'une légitimité supplémentaire. Dans le même ordre, l'on constate une mobilisation officielle et populaire autour de la question du Sahara, une mobilisation qui rappelle en quelque sorte les initiatives entreprises dans les années soixante-dix, et qui renforce le caractère national de cette affaire. Etes-vous optimiste au sujet de la prochaine réunion du Conseil de sécurité? Chaque chose en son temps. Je crois, malgré tout, que les soubassements de cette question sont clairs. Le Conseil de sécurité est appelé à être conséquent avec soi-même et, puisque le secrétaire général onusien avait déjà présenté un rapport appelant ouvertement à l'ouverture de négociations directes entre le Maroc et le front polisario, sur la base d'une large autonomie des Sahraouis dans le cadre de la souveraineté nationale du Maroc, tout changement de cette donne sera paradoxal et non conforme à la crédibilité de l'ONU. Quelle est votre réaction par rapport aux thèses évoquant des négociations entre le Maroc, l'Algérie, l'Espagne, la Mauritanie et le Polisario ? L'existence d'un accord entre les cinq parties concernées est une donne imposée par la géographie. Le Conseil de sécurité est appelé, sur cette base, à baliser le terrain en faveur de l'ouverture du dialogue entre les cinq Etats précités dans la mesure où ils sont convaincus de la nécessité du dialogue.