Sur instructions de S.M. le Roi, les leaders des partis politiques ont été invités à une réunion d'information sur l'évolution diplomatique du dossier du Sahara. Cette démarche nouvelle vise, en fait, à responsabiliser une classe politique tenue à l'écart de ce dossier pour se retrouver cantonnée dans une posture passive. Désormais, tout le monde est appelé à assumer ses responsabilités à l'égard de la cause nationale. Le Cabinet Royal a abrité mardi une réunion qui fera date. Elle a regroupé, autour de Abdelaziz Meziane Belfkih, le conseiller de SM le Roi, les leaders des principaux partis politiques nationaux. Actualité oblige, les derniers développements de la question du Sahara marocain, et particulièrement l'adoption de la résolution 1495 du Conseil de sécurité, étaient au centre des travaux de cette réunion de travail, qui s'est tenue sur instruction de SM le Roi Mohammed VI. A cette occasion, M. Meziane Belfkih a indiqué que l'approche stratégique du dossier à court et à long terme, devrait reposer sur trois éléments interactifs et complémentaires, à savoir «la confiance en nos capacités nationales, la mobilisation générale et la vigilance fondée sur la capacité de prise d'initiatives et la force de persuasion». Dans son discours du Trône, prononcé le 30 juillet, c'est-à-dire la veille de l'adoption de la résolution 1495, le Souverain avait réaffirmé le caractère sacré de l'intégrité territoriale, à laquelle le peuple marocain demeure fermement attaché et prêt à consentir tous les sacrifices. Le Maroc avait, rappelons-le, exprimé son rejet du projet du plan de paix, proposé par I'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, qu'il considère comme étant «contraire à ses intérêts nationaux, fondamentaux et à la paix et à la sécurité dans la région du Maghreb». Les participants à la réunion de mardi, parmi lesquels Mohamed Benaïssa, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mustapha Sahel, le ministre de l'Intérieur et Taieb Fassi Fihri, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, ont tous relevé la nécessité du suivi constant de l'évolution de la situation et d'initiatives novatrices propres à assurer de façon permanente la mobilisation du peuple marocain pour parvenir à une solution juste et définitive de ce contentieux artificiel. En d'autres termes, outre l'évaluation de la situation à la suite de l'adoption de la résolution 1495, il a été question de l'information des formations politiques nationales, des dispositions prises et de la préparation aux étapes à venir pour la gestion de ce dossier. Selon Mohamed Elyazghi, premier secrétaire-adjoint de l'Union socialiste des forces populaires (USFP), il s'agit là d'une nouvelle démarche, «pas uniquement de concertation, mais d'interpellation», pour responsabiliser tout le monde. M. Elyazghi, qui rappelle l'unanimité des Marocains autour de la question de leur Sahara, estime que l'attitude des Etats-Unis montre qu'ils sont lassés d'attendre et pressés d'arriver à une solution. On relève également que l'Algérie n'est plus considéré comme «partie prenante», mais plutôt comme «pays voisin». Thami El Khiary, le secrétaire national du Front des forces démocratiques, est, pour sa part, d'un autre avis. Selon lui, la motivation de Washington obéirait à des considérations proprement pétrolières. De son côté, Mohamed Benaïssa a brossé un tableau de la résolution 1495 et fait une lecture de ses tenants et ses aboutissants. Mustapha Sahel a, de son côté, mis l'accent sur les efforts déployés par les différents ministères et agence nationale dans les provinces du Sud pour leur développement économique et social. Les représentants des partis politiques ont, pour leur part, tous, réitéré leur mobilisation constante autour de l'action de SM le Roi, garant de l'unité du Royaume et de son intégrité territoriale. Se félicitant de la décision du Conseil de sécurité qui consacre le principe fondamental de non-imposition d'une quelconque solution, qui devrait, au demeurant, être nécessairement négociée et préalablement acceptée, ils ont réaffirmé leur refus argumenté des nouvelles propositions de M. Baker, qui ne participent pas de l'objectif et de la nature de la solution politique préconisée depuis deux ans par les Nations Unies. Ils ont, en outre, souligné l'importance de l'absence pour la première fois, de toute référence au Plan de règlement de 1991, devenu caduc. Il s'agit, ici, de rappeler qu'à la suite de l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la résolution 1495, le Maroc avait, s'agissant du «Plan de Paix» proposé par James Baker, souhaité «réitérer les objections majeures et les observations particulières qu'il n'a cessé de formuler à ce sujet depuis février 2003, et notamment celles qui ont trait aux dispositions inspirées du plan de règlement de 1991 dont l'inapplicabilité a été dûment relevée à maintes reprises par l'ONU, ces trois dernières années». Prenant note de l'absence de référence au plan de règlement, le Royaume avait rappelé sa disponibilité entière et sincère, telle qu'il l'exprime depuis septembre 2000, à engager un dialogue franc avec toutes les parties impliquées en vue de parvenir à une solution politique définitive et réaliste de cette question. Rappelons également que Taieb Fassi Fihri a fait part de son étonnement pour le rôle joué par l'Espagne au Conseil de sécurité en se mobilisant en faveur «d'une thèse qui ne correspond pas du tout à celle explicitée» par le Maroc. A cela, il faut ajouter le rôle joué par l'Algérie qui, n'arrivant plus à cacher ses appétits dans la région, se dévoile comme étant l'obstacle majeur qui se dresse devant une issue au conflit artificiel du Sahara.