L'ensemble de la classe politique rejette catégoriquement la dernière proposition de James Baker car elle porte gravement atteinte à la souveraineté marocaine sur ses provinces du Sud. Quant à la diplomatie marocaine, les leaders politiques estiment qu'elle doit être jugée sur ses résultats. Mohamed El Yazghi : Retour déguisé Vous savez que le dernier plan de Baker fait suite au refus de son premier plan que le Maroc avait d'ailleurs accepté. Ces nouvelles propositions représentent, en fait, un retour déguisé au plan de paix initial qui est arrivé à l'impasse. D'ailleurs, après cela, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a clairement demandé à James Baker d'entamer des négociations avec les parties en vue de parvenir à une solution politique. Evidemment, L'USFP rejette ce plan et soutient la position marocaine qui continue à plaider pour une solution politique. A ce titre, le Maroc s'est adressé à nos frères algériens pour les convaincre de construire avec nous une UMA forte. Thami El Khayari : Algérie La position du FFD et celle de tous les Marocains. Nous sommes pour une solution politique qui préserve notre intégrité territoriale. Toute autre proposition sera rejetée. Le problème est entre le Maroc et l'Algérie. Celle-ci doit comprendre que l'intérêt de la région passe par l'unité maghrébine pour pouvoir peser à l'échelle internationale. Quant à la diplomatie, elle doit faire l'objet d'une refonte radicale. Il faut dépasser le stade des déclarations et passer à celui de l'action en concertation avec les différentes composantes politiques du pays. Moulay Ismaïl Alaoui : On y reste ! Je voudrais, tout d'abord, souligner que ce n'est même pas la peine de donner notre avis sur le Plan Baker. Nous le rejetons catégoriquement et à juste titre. Au Sahara, nous sommes et nous y resterons. C'est la position du PPS qui découle de la volonté du peuple marocain. Celui-ci n'est pas prêt à brader son pays. Quant à l'action de notre diplomatie, je suppose qu'elle se fait de manière convenable. En tout cas, sur ce point, il serait plus judicieux de la juger sur les résultats. Saâd El Alami : Déviation Nous considérons le plan Baker II comme une déviation de la voie qu'il avait empruntée dès le départ, à savoir, la recherche d'une solution politique. Celle-ci devait conduire à l'octroi aux provinces du Sud d'une large autonomie dans le cadre de la souveraineté nationale du Maroc. Toute solution, contraire à ce principe, ne peut être que rejeter par le Maroc et donc par le parti de l'Istiqlal. En d'autres termes, nous demeurons ouverts à toute solution qui respecte notre intégrité territoriale. Quant à la diplomatie, elle joue un certain rôle dans l'explication des positions marocaines au niveau de l'ONU et du Conseil de Sécurité. Mohamed Abied : Marchandage Le Maroc a toujours plaidé pour une solution politique de l'affaire du Sahara, dans le total respect de sa souveraineté. Pour cela, il a fait preuve de beaucoup de bonne volonté en faisant d'énormes concessions. Aujourd'hui, on a l'impression d'avoir affaire à du marchandage. Baker veut arriver à une solution à n'importe quel prix. Il se trompe de dossier. Au vu de ce qu'il a proposé, il est clair que James Baker n'est pas concerné par cette affaire comme le sont tous les Marocains. Nous sommes chez nous et la décision revient en dernier ressort à l'ensemble des Marocains. Si l'autre partie est téléguidée, nous ne la sommes pas. Quant à la diplomatie, elle doit tout simplement suivre l'avis de tout le peuple marocain. Mahjoubi Ahardane : Serment Dans l'affaire du Sahara, nous sommes tenus par le serment de la marche verte et le devoir national. Nous ne pouvons pas accepter n'importe quoi. En d'autres termes, nous n'accepterons jamais que notre pays soit une vache à traire. J'ai eu l'occasion de rencontrer James Baker et je lui ai dit qu'il suffisait de voir la carte du Maroc pour se rendre compte qu'il a été spolié de ses terres par l'Algérie. Pour ce qui est de la diplomatie, je ne peux pas porter un jugement. En tout cas, sur ce point, il serait plus judicieux de la juger sur les résultats. Avant c'était Feu Hassan II qui s'en chargeait personnellement. Aujourd'hui, il faut attendre les résultats de son action pour pouvoir juger. Ahmed Ossman : Traité de Madrid Je ne vois pas ce que l'ONU vient faire dans ce dossier. En 1975, j'ai moi-même signé avec des responsables espagnol et mauritanien le fameux Traité de Madrid qui atteste définitivement de la marocanité du Sahara. Ça me fait mal au cœur de voir qu'aujourd'hui cet événement complètement occulté. L'ONU n'est ni un tribunal international, ni le Parlement du monde. Maintenant, il faut développer la politique de régionalisation pour permettre aux Sahraouis de se développer et s'épanouir dans un Maroc prospère. Indépendamment des personnes, le RNI a exprimé à maintes reprises ses critiques à l'égard de la diplomatie marocaine. Le discours Royal sur la refonte de son action est clair à ce titre.