Le vieillissement de la population aura de graves répercussions sur les régimes de retraite. C'est le constat global qui ressort du Forum CDG Prévoyance qui s'est tenu lundi dernier à Rabat. Le directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), Abdellatif Zaghnoun, qui a rappelé les projections démographiques du Haut-Commissariat au Plan (HCP) a fait savoir qu'à l'horizon 2050, près d'une personne sur quatre sera âgée de 60 ans ou plus. L'effectif des personnes âgées de 60 ans et plus passera de 3 millions en 2014 à 10 millions en 2050. Ainsi, la population du troisième âge (60 ans et plus) devrait représenter 23% de la population en 2050 contre 9% en 2014. Le DG de la CDG a aussi fait savoir qu'à l'horizon 2050 une part importante de cette tranche de la population ne disposera probablement pas d'une pension de retraite. Signalons que selon les estimations de l'Autorité de contrôle des assurances et de prévoyance sociale (ACAPS) qui figurent dans son rapport d'activité 2017, le taux de couverture retraite s'est établi à 41,8% de la population active occupée contre 40,9% en 2016 marquant une légère hausse de 0,9 point. L'ACAPS avait aussi fait remarquer dans son rapport que la démographie des régimes de base continue d'enregistrer une évolution du nombre de retraités plus importante que celle des actifs cotisants. Cette situation a pour conséquence une dégradation des rapports démographiques de ces régimes. Ce rapport s'est établi à 4,9 actifs pour 1 retraité en 2017 alors qu'il était de 5,5 en 2013. Lors de ce forum, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Réda Chami, a fait observer que le Maroc se trouve actuellement en plein processus de transition démographique et dispose encore d'une fenêtre d'opportunité d'une vingtaine d'années où le nombre d'actifs va être élevé. «Cette aubaine démographique offre un potentiel de croissance économique inestimable, à condition toutefois d'œuvrer au renforcement effectif du poids des actifs et d'adopter des politiques appropriées», a-t-il souligné. M. Chami estime que le Maroc doit déployer davantage d'efforts pour exploiter la «fenêtre temporelle relative au dividende démographique, qui devrait rester ouverte jusqu'à l'an 2038». Durant cette phase le Maroc doit accorder une place importante au renforcement des capacités et de l'employabilité du facteur humain, en particulier les jeunes. Pour remédier à cette situation, les pouvoirs publics ont mis en place un vaste chantier de réforme visant la généralisation progressive de la couverture du système de retraite, l'amélioration de ses taux et le retour à l'équilibre des régimes. Une hausse des dépenses de santé Il faut aussi signaler que le vieillissement de la population entraînera une hausse importante des dépenses de santé. A ce sujet, le HCP avait estimé que la transition démographique, qui s'accompagne d'une mutation épidémiologique aurait comme conséquence une augmentation des dépenses de santé résultant d'une consommation de services de soins et de médicaments des personnes âgées supérieure à celle du reste de la population. Ce qui aura pour conséquence d'entraîner des répercussions lourdes sur les finances publiques. Ainsi, l'augmentation de la fréquence des principales pathologies du vieillissement de longue durée, notamment les cancers, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les troubles neurologiques et mentaux… qui accompagnent l'allongement de la durée de vie augmenterait le coût de la santé, dans des conditions où les exigences des aînés quant à la qualité des soins deviendraient croissantes. Il faut aussi relever que cette tranche de la société est fortement exposée aux maladies chroniques (53,3% des hommes et 66,6% des femmes).