Seulement 24,5% des personnes âgées de plus de 60 ans disposent de couverture retraite Le Forum CDG Prévoyance consacré, lundi à Rabat, à «Notre rapport à notre retraite et à nos aînés» s'est voulu d'associer également les jeunes à la réflexion. «Les jeunes ne savent pas à quel âge préparer leur retraite», constate Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la Caisse de dépôt et de gestion (CDG). L'orateur, qui s'exprime également sur les vieux, insiste sur la tranche juvénile. «Il faut inciter les jeunes à préparer leur retraite et à y voir un moyen pour se protéger dans l'avenir avec des projets de vie stimulants», insiste-t-il en conduisant des chiffres. Risque inéluctable de vieillissement Le DG, qui s'appuie aux chiffres du HCP, précise que la population de 18-24 ans sera de 4 millions en 2050, soit une baisse de 10% par rapport à son niveau en 2014. «Le risque de vieillissement est inéluctable», précise-t-il en rappelant que l'espérance de vie sera de 80 ans en 2050. M. Zaghnoun s'appuie également sur les chiffres de l'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) pour rappeler que le taux de couverture de retraite est de 42% en 2017. «Les projections ne sont pas très prometteuses», enchaîne-t-il en évoquant la valeur de la solidarité qui n'est pas soutenable. Le DG de la CDG, qui réitère encore le constat du HCP, indique également que le taux de couverture de retraite «n'ira pas en amélioration par rapport à son niveau». Pour lui, la prise en charge du vieillissement est un défi sociétal. En fait, ce sont des enjeux qui concernent toutes les tranches de la population comme il l'explicite. «Les personnes âgées ont besoin de maintien social», ajoute-t-il à propos de ce cette frange dont l'indépendance doit être préservée. Pas assez de conscience du sujet Egalement de la partie, Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique social et environnemental (CESE), martèle d'emblée. «C'est un sujet dont on n'a pas assez conscience», indique-t-il. Pour lui, il faut une prise de communication avec le citoyen marocain. «Le système de couverture actuel est limité», précise-t-il. L'orateur cite, par l'occasion, le dernier rapport 2017 de l'ACAPS dont il ressort qu'à peine 24,5% des personnes âgées de plus de 60 ans disposent de couverture retraite. «Ce chiffre devrait nous faire peur», commente-t-il. A propos de la solidarité, elle est une clé de cohésion sociale à son sens. Il cite également le rapport du CESE consacré aux personnes âgées qui recommande une politique publique intégrée de protection sociale des personnes âgées. «Il faut déployer des infrastructures hospitalières solides», enchaîne-t-il. Aussi, il faut définir un cadre juridique pour protéger ces personnes contre les mauvais traitements. «Aller vers des maisons de retraites», avance-t-il dans la foulée. Pour lui, il faut également développer d'autres concepts dont la gériatrie. Effritement de la solidarité A son tour, le président de l'ACAPS, Hassan Boubrik, livre son regard sur cette valeur. «La famille a de plus en plus de difficulté par rapport à la solidarité», estime-t-il. Pour lui, ce serait un «leurre» de considérer que la solidarité se substituerait à des systèmes. A ce propos, il indique : «Nous avons des systèmes hétérogènes mais injustes et inéquitables». «Le plus important dans les enjeux et les priorités en système de prévoyance c'est l'expansion», ajoute-t-il. Pour lui, l'effort individuel et la solidarité dans le système de prévoyance sont un débat absent. Et ce n'est pas tout ! Il estime que «la retraite se prépare dès qu'on commence dans le monde du travail». M. Boubrik ne manque pas de recommander «un apport d'investissements assez lourds avant qu'il ne soit trop tard !».