Les pays africains sont aujourd'hui des pays démographiquement jeunes. Les moins de 15 ans y représentent 40 % de la population totale, contre 27 % dans l'ensemble de la population mondiale. Selon l'étude, au Maroc seuls 13 % des plus de 60 ans disposent d'une couverture de santé. Ainsi au Niger, un habitant sur deux est âgé de moins de 15 ans tandis qu'au Maroc, cette proportion est légèrement au dessus de la moyenne mondiale avec seulement 27,8 % de moins de 15 ans. D'un autre côté et selon les données des Nations unies enregistrées en 2010, la proportion d'africains âgés de plus de 60 ans n'est que 5,5 % alors qu'elle atteint le double de ce chiffre en Asie (9,9 %) et en Amérique Latine (10 %) et presque quatre fois plus en Amérique du Nord (18,6 %) et en Europe (21,7 %). Mais l'alignement de ces pays sur les taux de croissance démographique mondiaux, notamment par la forte baisse des taux de natalité, combiné avec l'allongement de la durée de vie, leur fait courir le risque d'un vieillissement accéléré de la population, auquel, ni la société, ni l'Etat ne sont préparés. La synthèse d'une étude prospective de l'INED (Institut National des Etudes Démographiques), publiée dans le numéro 491 de « Population et Société », daté de juillet-Août 2012, prévoit, grâce à des projections, le double de la part des personnes âgées de 60 ans et plus d'ici à 2050. Un vieillissement démographique accéléré en somme, comparé au vieillissement plus lent des pays développés. Cette même étude prévoit que le nombre absolu de personnes âgées en Afrique va quadrupler entre 2010 et 2050, passant ainsi de 56 millions à 215 millions soit presque le même nombre qu'en Europe (241 millions). Quelle prévoyance et prise en charge pour nos aînés ? Ce vieillissement rapide laisse entrevoir des problèmes de prise en charge sociale et sanitaire de ces personnes âgées. En effet la prise en charge de la vieillesse en Afrique relève aujourd'hui essentiellement de la sphère familiale et de la solidarité intergénérationnelle basée sur la valorisation des aînés. Mais dans la plupart des sociétés africaines, les modes de vie évoluent vers le modèle du nord, basé sur la famille nucléaire et émancipée, qui investissent plus dans l'avenir de leurs enfants, au détriment des plus âgés. De plus, nulles politiques publiques de prévoyance sociale, au sens européen, ne sont menées pour accompagner cette évolution. Alors que le besoin en terme de santé augmentent avec l'âge, les personnes âgées ont des difficultés pour l'accès aux soins. D'après cette étude, « Au Maroc, seuls 13% des plus de 60 ans disposent d'une couverture de santé, avec de fortes différences selon le genre (8 % des femmes âgées en disposent contre 18 % des hommes âgés) et selon le milieu de résidence (22 % en milieu urbain et 3 % en milieu rural).» Même lorsque la personne dispose d'une couverture sociale, la part des frais non prise en charge reste relativement importante par rapport à ses capacités financières. Comme les conditions de vie en général, l'accès aux soins reste étroitement lié aux revenus des familles. Or dans la plupart des pays africains, les pensions de retraite sont limitées aux fonctionnaires et aux employés des grandes entreprises publiques ou privées. « Sur le continent dans son ensemble, moins de 10 % des personnes âgées peuvent prétendre à une pension de retraite, avec des variations importantes selon les pays. » affirme le rapport de l'INED. Avec en plus de grandes disparités sociales, géographiques, selon le sexe ou selon le milieu d'origine (urbain ou rural). Ainsi au Maroc, 16 % des personnes âgées de 60 ans et plus perçoivent une pension de retraite, mais seules 3% des femmes de cet âges sont pensionnées contre 30 % des hommes. Quels systèmes de retraite ? Combien même des systèmes de prévoyance sociale et de retraite seraient mis en place, ils ne seraient pas viables à cause de la diminution du nombre de cotisants par rapport au nombre de bénéficiaires. Sans parler du retard en terme d'infrastructures de gestion de la vieillesse (maisons de retraite, services gérontologiques, soins à domicile, services à la personne ...) Au Maroc, la dépense totale des retraites représenterait 10 % du PIB à l'horizon 2050 alors que les recettes seraient de 2,6 % du PIB, générant des déficits considérables de l'ordre de 7,4 %, selon une étude menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP), en collaboration avec le Centre d'Etudes prospectives et d'Informations internationales (CEPII) de France. Selon ce rapport, la transition démographique se traduirait par une détérioration de la situation financière des régimes de retraite, notamment la Caisse marocaine des retraites (CMR), le Régime collectif d'Allocation de retraite (RCAR), la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraites (CIMR). L'étude révèle que la dépense totale des retraites devrait représenter 10% du PIB à l'horizon 2050, alors qu'elle ne représentait que 3 % du PIB en 2010. En revanche, les recettes seraient en baisse, passant de 3,2 % du PIB à 2,6 %. Cet écart, précise l'étude, va générer des déficits considérables de l'ordre de 7,4 % du PIB en 2050 au lieu d'un léger excédent de 0,23 % du PIB en 2009. Les déficits du système de retraites impliquent une réduction de l'épargne publique et donc de l'épargne agrégée, note l'étude, qui souligne que l'effet du vieillissement sur l'épargne agrégée aura des effets négatifs sur l'investissement. * Tweet * *