Si le CIH et la CNCA considèrent avoir fait l'objet d'une opération d'escroquerie, Mohamed Feggane, lui, se pose en victime d'un coup monté pour le briser. Voici en tout cas le résumé des litiges commerciaux opposant le groupe Feggane aux deux banques. Le protocole d'accord signé entre Necomi et la CNCA consiste en la réalisation d'un projet touristique avec une société irlandaise, Thames Resources, sur un terrain à El Jadida appartenant à Mohamed Faggane et sa famille. Le Crédit agricole approuve cette proposition et décide de financer l'opération. Après la concrétisation de l'accord de principe entre l'entreprise irlandaise et la nouvelle société du groupe Faggane, Oum Rabii, la direction générale de la banque recommande à Mohamed Faggane de vendre son projet à un opérateur marocain et de se concentrer sur son activité de base, à savoir la filière des fruits et légumes. Le produit de la vente, lui, permettra au groupe Faggane de régler ses arriérés envers la CNCA. C'est ainsi que le projet a été racheté par la société Soperisme, rachat qui a permis de couvrir 70% de la totalité des engagements financiers du groupe envers le Crédit agricole. Or, le groupe Faggane avait conditionné auparavant la cession de son projet à la délivrance par la CNCA d'une attestation de confirmation d'actifs au profit de Thames Resources. Mais la CNCA a refusé d'honorer son engagement antérieur après le départ de Rachid Haddaoui et l'arrivée de Abdallah Lahlou. Résultat : remise en cause du processus de cette transaction par la CNCA. Et pourtant, cette dernière, à l'époque Haddaoui, a inscrit les hypothèques liées à la transaction avec Thames Resources et dont les certificats d'inscription précisent bel et bien que ces inscriptions sont destinées à garantir des lignes de crédits extérieures d'un montant de 10 millions de dollars. Crédits qui devaient justement permettre au groupe Faggane de dépasser ses difficultés financières et de poursuivre son activité. “En refusant de délivrer le document de confirmation d'actifs, la CNCA a condamné mon groupe. C'est d'autant plus incompréhensible que je suis en affaires avec cette banque. Le rôle d'une banque n'est-il pas d'aider ses clients en difficulté à se redresser pour pouvoir continuer à travailler ensemble?”, souligne M. Faggane. Depuis Paris, ce dernier engage dès 1997, par l'avocat Me Abdelhak Ksikes du barreau de Casablanca, deux procédures contre la CNCA. L'une pour non-respect des engagements de la banque et l'autre pour demander une expertise contradictoire afin de déterminer avec exactitude le montant de la créance due par le groupe Faggane. Car cette dernière, estimée par la CNCA à quelque 89 millions de Dh et essentiellement constituée d'agios, de pénalités, d'intérêts de retard et de cautions personnelles pour le paiement des échéances des coopératives, est structurellement liée à des opérations injustifiées découlant des services de la CNCA. Sans que M. Faggane ne soit informé par des documents usuels de la banque, et ce malgré son insistance depuis 1994 auprès de la direction générale à réclamer les pièces justificatives des opérations en question. Mohamed Faggane a introduit, par ailleurs, une autre action en justice, suivie par l'avocat Me Lahkim à El Jadida, contre une deuxième banque, le CIH. Celui a rompu brutalement ses relations avec Oum Rabii, société du groupe Faggane, suite à la mesure de blocage aux frontières. En effet, le Crédit immobilier et hôtelier a soudain mis fin au préfinancement de la campagne 1997-1998 pour un montant de 31.375.000 Dh alors que la banque avait accordé à l'entreprise les mêmes facilités pour les deux campagnes précédentes. Le CIH a agi de la sorte, soupçonnant Oum Rabii de complicité avec Mme Naïla Raïd, la directrice de l'agence Mohamed V, pour organiser un détournement de fonds sous couvert de financement d'une relation d'affaire en bonne et due forme. Une inspection interne du CIH s'est penchée sur cette affaire. Conclusion : “ L'examen du compte de la société Oum Rabii permet de confirmer l'hypothèse de tirage d'effets de complaisance entre la société et ses partenaires“. Accusation rejetée en bloc par Mohamed Feggane pour qui le produit des différents effets avalisés accordés par le CIH a servi à payer ses partenaires, fournisseurs et agriculteurs dans le cadre d'un accord de partenariat en bonne et due forme entre Oum Rabii et le CIH.