Les joueurs qui l'ont connu, les ex-dirigeants et les correspondants de presse à El Jadida sont unanimes à louer les qualités d'un président pas comme les autres : Mohamed Feggane. Sa bonté et sa générosité ne le prédestinaient pas à un sort aussi cruel. C'est un groupe de personnes assez disparate et tout aussi singulier qui s'est déplacé, il y a quelque temps, à la prison d'El Jadida. C'était juste après la tragédie de l'incendie qui a fait plusieurs victimes et blessés dans ce pénitencier. Ce groupe, constitué d'ex-joueurs de Difaa Hassani Jadidi(DHJ), d'ex-dirigeants et de correspondants de presse, est venu rendre visite à un détenu pas comme les autres : Mohamed Feggane. Rien ne prédestinait cet homme à ce destin aussi cruel alors qu'il avait tout réussi aussi bien en tant qu'homme d'affaires qu'en tant que président du DHJ. D'autant plus que Feggane, l'homme, jouit d'une bonne réputation par son esprit conciliateur, sa bonté, sa générosité et son tempérament spontané et peu calculateur. Et c'est probablement cette dernière vertu ou carence, c'est selon, qui a été à l'origine de son incarcération suite à des démêlées avec le CIH et le CNCA. Le temps a démontré que la mêlée de ces deux banques est plus complexe et moins transparente que ses comptes puisque ces anciens accusateurs sont devenus, à leur tour, des accusés. Sauf que ces derniers ont bénéficié de l'évolution du temps et de l'illégalité, découverte, de la cour spéciale de justice pour sortir de cet enfer. Feggane, lui, n'a pas été ménagé par la CSJ pour qu'il continue à purger une double peine de dix et de cinq ans. Quand il a été condamné, personne n'a compris à El Jadida que cet homme, si généreux envers ses semblables, puisse connaître ce sort. Dans le milieu footbalistique, c'est la consternation qui a prévalu car le président Mohamed Feggane a beaucoup donné au DHJ. Il a réussi à redorer le blason de l'équipe Doukkalie en la remontant en surface en 1987 alors qu'elle croupissait dans les méandres de la deuxième division. Tout au long de son mandat qui a duré de 1987 à 1993, ce dirigeant rénovateur a fait ressusciter le mythe d'un DHJ fort, riche en moyens et en joueurs talentueux. Et ce sont plusieurs de ses ex-poulains comme Hafid Boulanouar, Berilat et Said Serghat qui sont venus avec d'autres s'enquérir de son état de santé à la prison d'El Jadida. Ils ne l'ont pas oublié comme tous les jdidis qui l'ont connu y compris ceux qui contestaient sa gestion de dirigeant. Un ancien de correspondant de presse de plusieurs journaux corrobore ce jugement sur un homme qui a été mal jugé : « Même si je critiquais sa gestion dans les journaux où j'ai travaillé, j'ai toujours eu de l'estime pour cet homme. Il était un bienfaiteur avéré qui accorde son aide à tous ses amis qui sont en détresse et ne s'est jamais départi de sa modestie et de son caractère qui frise la bohème. Quand il est devenu président du DHJ, les joueurs étaient choyés et ne manquaient de rien pour donner le maximum d'eux-mêmes. Sa bonté a été exploitée dans le mauvais sens par ceux qui lui voulaient du mal en orchestrant un coup monté contre lui pour le jeter en prison. » Cette impression anime beaucoup de gens qui le connaissent qui ne croient pas à sa culpabilité et sont convaincus qu'il a été victime d'une énorme supercherie. Dans le milieu footbalistique, ce dirigeant a révolutionné la gestion du club pour lui donner l'envergure qui etait sienne dans les années soixante-dix. Le secrétaire général du GNF, Mohamed Naciri, se rappelle l'arrivée de Feggane dans le monde du football : «Feggane faisait partie de cette nouvelle génération de dirigeants qui ont apporté une nouvelle vision de la gestion d'un club. Il a réussi en un laps de temps à restructurer le Difaâ, à moderniser sa gestion et à faire parler d'une équipe qui a été happée par la descente aux enfers. Il était un dirigeant ambitieux qui ne lésinait avec les moyens pour remettre sur les rails ce grand club qu'il chérissait. Je prie Dieu pour qu'il lui vienne en aide et qu'il puisse sortir de cette mauvaise passe qui, je j'espère, sera passagère.» Tous ses amis, et ils sont nombreux, prient pour lui.