La majorité des membres de l'ONU estime qu'il n'y a aucune raison pour une nouvelle résolution. Ceux qui soutiennent la poursuite des inspections s'inquiètent des plans américains. Les Etats-Unis préparent au Conseil de sécurité de l'ONU une deuxième résolution très musclée contre l'Irak. La résolution pourrait être annoncée dès cette fin de semaine, peut-être la semaine prochaine. Selon certaines sources, il s'agira d'une résolution relativement simple, pas très longue. Elle devrait établir que l'Irak a commis de nouvelles violations patentes de ses engagements, ce qui ouvre la voie à de sérieuses conséquences, euphémisme diplomatique pour la guerre. Le débat public qui a lieu actuellement au Conseil de sécurité, offre à tous les pays membres des Nations unies la possibilité de présenter leur point de vue sur la question. Ce débat ne sera pas suivi de délibérations ou de l'adoption d'une résolution. Celle-ci sera élaborée à huis clos par les 15 membres du Conseil et doit, pour être adoptée, réunir au moins 9 voix pour et aucun veto de l'un des 5 membres permanents. De nombreux pays se sont d'ores et déjà prononcés contre la guerre en Irak et pour la poursuite des inspections sur le terrain. Une cinquantaine de pays ne siégeant pas au Conseil de sécurité ont déjà pris la parole pour s'élever dans leur quasi-totalité, contre la guerre et prôner la poursuite des inspections. Ce débat est organisé à la demande de l'Afrique du Sud qui préside actuellement le Mouvement des Non-alignés qui réunit 115 pays à travers le monde. Ces pays, dans leur majorité, ne voient actuellement «aucune raison pour une nouvelle résolution» n'étant pas disposés à légitimer une résolution qui appelle au conflit armé. Malgré leur isolement diplomatique grandissant, les Etats-Unis intensifient leurs pressions, y compris sur leurs alliés. Washington a ainsi jugé que l'heure était venue pour la Turquie de se décider à un soutien franc et inconditionnel à la guerre programmée contre Saddam Hussein, en échange d'un soutien financier conséquent. Cet apport en dollars est censé compenser l'impact économique du conflit sur Ankara. En contrepartie de l'utilisation par l'armée américaine du territoire turc, l'Administration Bush propose un don de six milliards de dollars et 20 milliards supplémentaires de garantie de crédit. Ankara demande pratiquement le double. Les partisans d'un règlement pacifique du conflit sont actuellement majoritaires au sein de la société turque; ce qui pousse le gouvernement islamiste actuellement au pouvoir à avertir Washington qu'il ne fallait pas prendre pour acquis le soutien d'Ankara à l'option militaire. Le PJD turc s'est déclaré ouvertement contre la guerre. Concernant l'après-guerre, l'Administration Bush continue d'abattre ses cartes. Elle indique clairement que les Etats-Unis entendent gérer directement l'Irak pendant de longs mois après la chute de Saddam Hussein. C'est un avenir irakien en trois étapes qui est envisagé : une phase de stabilisation, une phase de transition et une phase de transformation. Ce qui veut dire que les Etats-Unis resteront longtemps en Irak, le temps de remplir ces objectifs. La gestion de l'Irak d'après guerre reviendra au général Tom Franks, le commandant des armées américaines dans le Golfe. En ce qui concerne le pétrole, les Etats-Unis se disent résolus à faire redémarrer la production aussi vite que possible, de manière générale, L'Administration Bush réaffirme qu'elle prendra ses décisions concernant l'Irak en fonction des intérêts nationaux des Etats-Unis. Même l'opposition à Saddam Hussein ne cache pas sa consternation face à ces orientations de la politique américaine en Irak d'après-guerre. Pour eux, le sens de toutes ces décisions n'est pas trop clair. C'est un gouvernement militaire américain qui gouvernera pour une longue période l'Irak de l'après Saddam Hussein. En attendant, hier les inspecteurs en désarmement de l'Irak poursuivent leur mission de recherche d'armes prohibées, visitant plusieurs nouveaux sites suspects. Un porte-parole onusien a par ailleurs confirmé que des vols de surveillance U-2 ont actuellement lieu au-dessus de l'Irak.