La France critique le simplisme américain alors que la Russie refuse que la frappe militaire soit retenue comme option prioritaire. Appel au respect des règles d'équité qui fondent la communauté internationale. La France a soumis de nouvelles propositions aux Etats-Unis pour essayer de rapprocher les points de vue au sujet d'une nouvelle résolution sur l'Irak. Mais, il est apparu que ces propositions ne satisfaisaient pas Washington. Dans le nouveau projet, la France reconnaît que les inspecteurs du désarmement à la recherche d'armes de destruction massive, ont besoin d'instructions plus solides pour pénétrer sur les sites des palais présidentiels, actuellement sujets à des procédures spéciales. Les Etats-Unis ont fait circuler de façon informelle une résolution dure qui modifie les conditions de base pour les inspections et permet à tout membre des Nations unies de décider par lui-même, sans avoir à consulter le Conseil de sécurité de l'ONU, que l'Irak a violé les termes de la résolution et de lancer alors une attaque militaire. La France veut toujours deux résolutions. La première qui dirait que les 15 membres du Conseil de sécurité doivent se réunir immédiatement après «tout manquement grave par l'Irak à ses obligations» pour «envisager toute mesure» qui permette de s'assurer que l'Irak se conforme à ses obligations. Cette phrase sous-tendrait l'action militaire. Une seconde résolution serait ensuite nécessaire pour autoriser explicitement le recours à la force, si besoin. La France, qui n'a fait circuler ses propositions qu'auprès d'un petit nombre de membres du Conseil, estime qu'elle ne les présenterait que si les Américains laissaient leur projet initial en l'état. Paris, disent des diplomates, veut également que les Etats-Unis abandonnent dans leur projet de résolution le droit qui serait conféré aux cinq membres permanents du Conseil d'accompagner les inspecteurs et de leur suggérer des sites suspects. Alors que le Congrès peaufine une résolution autorisant le président à recourir à la force contre Baghdad, Bush chercherait surtout à remobiliser son opinion publique. Les Américains ne seraient, en effet, plus très belliqueux. Selon un sondage CBS-New York Times, 63 % souhaiteraient, avant d'envisager une guerre, donner aux inspecteurs le temps de faire leur travail. George Bush a donc insisté sur l'urgence de la situation et sur les dangers de l'inaction face à Saddam Hussein. Réagissant aux critiques de certains démocrates qui l'accusent de délaisser la lutte contre le terrorisme, Bush s'est efforcé de faire le lien entre Al-Qaïda et Baghdad. Mais, il n'a apporté aucune preuve. Pendant ce temps, le détail des accords conclu à Vienne il y a une dizaine de jours par les inspecteurs en désarmement de l'Onu et l'Irak a été publié pour la première fois. Il est rappelé que Baghdad a accepté que les inspecteurs se voient garantir un accès aux sites «immédiat, sans condition et sans restriction» y compris à ceux qui sont qualifiés de sensibles dans le passé, comme par exemple les ministères. L'accord de Vienne rappelle aussi que les huit sites présidentiels ou palais étaient sujets à des procédures spéciales dans un mémorandum approuvé par le Conseil de sécurité en 1998. Or, Washington a fait savoir qu'il entendait supprimer ces restrictions. Les inspecteurs en désarmement assurent tout de même à l'Irak que s'ils obtiennent un accès libre à ces sites, ils y mèneront leurs inspections «avec le même professionnalisme». Au plan diplomatique, le ministre russe des affaires étrangères et son homologue français ont réaffirmé qu'il était important d'atteindre un accord sur l'Irak au Conseil de sécurité de l'ONU pour renforcer le travail des inspecteurs. Les deux ministres ont souligné' l'importance d'atteindre un accord qui permettrait aux inspecteurs d'effectuer un travail efficace en Irak (…) et la nécessité de poursuivre un étroit travaille coordination entre les membres du Conseil de sécurité».