Si des doutes subsistent quant à la position chinoise, Paris et Moscou s'opposent clairement à Washington. Bagdad parle d'humiliation pour l'ONU. Le Conseil de Sécurité de l'ONU devait à nouveau se réunir pour discuter du projet très controversé de résolution américaine sur l'Irak. La Russie et la France, notamment, rejettent l'initiative américaine dans sa formulation actuelle. Chinois et Français se sont entretenus de la question appelant de leurs vœux à une solution pacifique de la crise. Cependant, la position chinoise continue d'intriguer les observateurs car aucune information n'a filtré au sujet de l'accueil réservé par Pékin à ce projet de résolution américaine. La Russie s'oppose au texte et Paris a émis de très fortes réserves. Les discussions s'éternisent à huis clos entre les quinze membres permanents du Conseil de Sécurité et personne n'ose spéculer sur la date de mise au vote du texte américain. Washington soutient mordicus que le temps presse et que «le Conseil devrait agir le plus vite possible», jugement que les d'autres membres du Conseil ne partagent pas en refusant obstinément tout automaticité de l'emploi de la force et en rejetant des exigences irréalistes set inapplicables, selon eux. Les Français soutiennent que le texte anglo-américain «contenait des ambiguïtés qui doivent disparaître». Mais, Colin Powell, secrétaire d'État américain, qui exige la fermeté à l'égard de l'Irak, s'accroche à son texte en disant « ce ne peut pas être une autre résolution qui ne rime à rien et qui permettrait à l'Irak de considérer qu'il n'y aura pas de conséquences. C'est inacceptable et les Etats-Unis n'accepteront pas cela». Le ministre irakien des affaires étrangères Naji Sabri a répliqué que le projet américain était une humiliation pour les Nations unies. Dans une déclaration jeudi sur la chaîne de télévision internationale Al-Jazira il a affirmé que «le projet américain révisé est pire que le projet initial et qu'il est une humiliation pour l'ONU et la communauté internationale». Le ministre irakien de la culture, quant à lui, y voit «une pure agression et une déclaration de guerre à Bagdad», alors que le vice-président irakien Taha Yassine Ramadan a estimé de son côté que «l'insistance de l'administration américaine criminelle pour faire adopter par le Conseil de Sécurité de l'ONU une nouvelle résolution fait clairement partie du complot américain pour justifier une agression contre l'Irak». Mettant la pression sur le Conseil, l'administration Bush estime que l'ONU «a encore un peu de temps, mais plus beaucoup» pour tenter de trouver un accord sur un texte. Même son de cloche du côté anglais. Jack Straw, ministre britannique des affaires étrangères a affirmé à Londres qu'il ne serait pas nécessaire d'attendre «éternellement» pour arriver à un accord. Rappelons que le président américain George Bush, qui vient de porter son budget de la défense pour 2003 à 335 milliards de dollars, a assuré qu'il avait demandé à son armée de «se préparer à une guerre contre l'Irak». Le secrétaire général de l'ONU Kofi Annan a estimé que la guerre contre l'Irak' n'est pas inévitable, mais que Bagdad doit respecter les résolutions internationales ». Pour qu'une résolution soit adoptée, il lui faut neuf voix et aucun veto de la part des cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Le projet de résolution américaine impose des conditions draconiennes et un calendrier tres strict aux inspections en désarmement.