Présent lundi au sommet des chefs d'Etats de l'Afrique de l'Ouest à Yamoussoukro aux côtés du président, le nouveau Premier ministre ivoirien a été chargé de former le futur gouvernement d'union nationale. Avec ou sans les rebelles ? Seydou Diarra est désormais Premier ministre de Côte d'Ivoire. Lundi, à l'issue de longues négociations entre les représentants des différents pays ouest-africains et Laurent Gbagbo, il a été officiellement et «immédiatement chargé de former un gouvernement qui comprendra toutes les formations politiques ivoiriennes». Si une première liste de noms circule déjà à l'initiative du dirigeant lui-même, reste à M. Diarra de former un exécutif censé assurer la réconciliation nationale. Comme décidé par toutes les parties présentes à la table ronde de Marcoussis, de laquelle ont découlé les accords de paix signés le 24 janvier dernier. Les rebelles du MPCI devraient donc théoriquement y participer puisqu'ils étaient partie prenante des pourparlers inter-ivoiriens initiés par la France. Le mouvement, auteur du soulèvement, a d'ailleurs toujours déclaré que les deux portefeuilles clés de l'Intérieur et de la Défense lui avaient été attribués avec cinq autres ministères. Une nouvelle qui avait provoqué les émeutes dans le pays, et sur laquelle les dirigeants réunis à Yamoussoukro lundi sont indirectement revenus en stipulant que Marcoussis prévoyait une attribution «équilibrée» des ministères entre les parties. Reste que ce sommet placé sous l'égide de la CEDEAO a surtout débouché sur la validation de la nomination de Seydou Diarra. Boycotté par les rebelles, il n'a rassemblé que trois des dix chefs d'Etat membres du «groupe de contact» de l'instance régionale: le Ghanéen John Kufuor, le Togolais Gnassingbé Eyadéma et le Nigerian Olusegun Obasanjo, les plus impliqués d'ailleurs dans cette crise depuis son déclenchement en septembre 2002. Les dirigeants des autres pays, notamment le Sénégalais Abdoulaye Wade, s'étaient faits «représentés»… «Nous n'allons pas à un sommet qui doit rouvrir les négociations sur les accords de Marcoussis» avait pour sa part expliqué dès lundi Guillaume Soro, secrétaire général du MPCI. Au moment de la réunion dans la capitale ivoirienne, le mouvement tenait même sa propre conférence depuis son fief de Bouaké, dans le centre. «Le MPCI considère que Laurent Gbagbo, avec la ruse et le double langage qui le caractérisent, a rejeté les accords», a alors affirmé M. Soro. Revenant sur les propos du président lors de son discours à la Nation de vendredi, il a estimé que «être contre la délégation des pouvoirs au Premier ministre et être contre son irrévocabilité, c'est être contre Marcoussis». Et le leader des rebelles à rappeller que les postes de la Défense et de l'Intérieur sont «non négociables». Le Premier ministre devait à ce sujet se rendre auprès des responsables du MPCI juste après la fin de la réunion de Yamoussoukro mais sa venue a été reportée sine die. «Le travail commencera après-demain (mercredi), il faut que je rentre à Abidjan» a expliqué dans la soirée M. Diarra. De son côté, le président Gbagbo s'est réjoui, en affirmant que «bientôt, très bientôt (...) on pourra rentrer dans une nouvelle phase pour la Côte d'Ivoire, une nouvelle phase qui est la fin de la guerre». Une issue qui reste cependant des plus incertaine à entendre les rebelles. «Si Seydou Diarra proclame un gouvernement qui n'a rien à voir avec ce qui a été décidé à Paris, nous n'irons pas travailler à Abidjan (…). Il ne restera plus que l'option militaire», a averti le MPCI.