C'est la fête. L'Aid Al Adha a ce double symbole d'être une fête religieuse qui ponctue les rituels du pèlerinage à la Mecque. Mais si la majorité des Marocains fêtent ce jour béni dans le bonheur et l'allégresse, d'autres le vivent avec une certaine nostalgie, si ce n'est pas avec une amertume largement consommée. C'est la fête. L'Aid Al Adha a ce double symbole d'être une fête religieuse qui ponctue les rituels du pèlerinage à la Mecque. Mais si la majorité des Marocains fêtent ce jour béni dans le bonheur et l'allégresse, d'autres le vivent avec une certaine nostalgie, si ce n'est pas avec une amertume largement consommée. Il s'agit de ces fidèles qui avaient l'intention d'effectuer le pèlerinage mais qui en ont été privés par des responsables d'agences de voyages sans scrupule. Le nombre des victimes de ces voyagistes véreux s'accumule d'une année à l'autre sans que l'Etat n'arrive à les prémunir de ces agissements scandaleux. Il est impensable qu'une agence vende un billet virtuel à un homme ou une femme pour que le rêve de toute une vie s'estompe dans l'arnaque. Il ne s'agit aucunement d'un voyage touristique mais de l'accomplissement des préceptes d'un pilier de l'Islam qui n'est pas à la portée de tout le monde. Quand on connaît la valeur spirituelle du pèlerinage, il est facile d'imaginer le désarroi de tous ceux qui ont subi cette transgression de foi des voyagistes. Non seulement la réglementation de cette profession est obsolète, non seulement le système du quota institue un monopole dans un marché dit libéral, mais les pouvoirs publics s'avèrent incapables de régler un marché dont ils détiennent, pourtant, l'exclusivité. Pis encore, l'Etat s'est avoué vaincu face à des voyagistes intouchables qui jouissent d'une immunité obscure pour se forger une réputation de multirécidivistes. Pour atténuer l'onde de choc d'une contestation de plus en plus massive, le (ou les) département de tutelle distribue (nt) quelques sanctions de façade. Car les agences incriminées finissent toujours par remonter à la surface et s'offrir le luxe de bénéficier d'agrément et de quotas. C'est le miracle, bien marocain, qu'a connu un voyagiste célèbre dans l'arnaque de Casablanca dont la licence lui a été retirée pendant deux ans. Après cette grâce providentielle, son directeur très pieux est revenu à la charge pour arnaquer, cette année, d'autres fidèles trop crédules. Il paraît qu'il ne rentre plus chez lui de peur qu'il soit abordé par l'une de ses multiples victimes qui lui réclament leur dû. Quant à la force de l'Etat, elle s'arrête là où commencent les parapluies qui assurent l'immunité de ces voleurs de l'argent de la foi. Des arnaqueurs qui s'appuient subrepticement sur le dahir de 1996 régissant cette profession et devenu obsolète par le temps et la pratique malsaine. Cette loi permet à n'importe qui de devenir voyagiste en recrutant une personne qualifiée dans le tourisme et en déposant une caution. Dès qu'il met l'agrément dans la poche, il se débarrasse du personnel professionnel et se met à la quête de l'argent en se "spécialisant" dans la prestation du pèlerinage et la Oumra. C'est ce qui explique cette prolifération vertigineuse des agences de voyage, dont le nombre a été multiplié par dix en vingt ans. Fait révélateur de l'anarchie qui règne dans ce domaine: le flux des touristes et le chiffre d'affaires qu'il génère n'a aucunement progressé proportionnellement au nombre d'agences.