Originaires des pays maghrébins, arabes et de différentes autres régions d'Afrique, les étrangers vivant au Maroc se comptent par centaines. Si les musulmans parmi eux observent le rite de l'Aid Al Adha à leur manière et sans grandes difficultés, ceux de confession différente considèrent cette fête comme étant une journée comme les autres. «Franchement la fête de l'Aid ne me concerne pas directement, c'est une journée parmi d'autres», déclare un journaliste de confession chrétienne vivant au Maroc depuis plus de 5 ans. Pour Ibrahima Koné, un jeune malien, la situation n'est pas la même puisqu'il est musulman. Célibataire, il passe la journée de l'Aid en compagnie de ses amis maliens installés au Maroc. « Loin de nos familles durant ces journées de fête, le regroupement est le seul moyen de remplacer la nostalgie. Nous restons donc ensemble jusqu'à la fin de la journée, la nourriture et les rafraichissements ne font pas défaut. Cela dit, il arrive que certains d'entre nous quittent parfois le groupe (momentanément) pour aller rendre visite à un ami, compatriote ou non, à un proche... Nous sommes parfois invités par des amis marocains de la fac, et on honore toujours ces invitations », a-t-il déclaré. La façon de vivre l'Aid au Maroc par les étrangers varie d'une personne à une autre, et d'une nationalité à une autre. Les étrangers musulmans, à l'instar des autres marocains, s'ils ne trouvent pas de difficultés à observer ce rituel, comptent toutefois sur eux même pour préparer le repas de l'Aid. "Je passe l'Aid en compagnie de mes amis mauritaniens installés ici au Maroc. Nous achetons le mouton pareil comme les autres, après l'abattage, nous préparons le déjeuner et l'après-midi nous jouons aux cartes, nous écoutons de la musique et nous nous racontons des blagues, histoire de remplacer l'ambiance familiale. Quoique que nous gardons toujours cette nostalgie au fond de nous, mais grâce à certains amis Marocains, on arrive souvent à surmonter ça", déclare Mohamed Abdalahi, étudiant mauritanien à Rabat. Nouha, jeune étudiante marocaine, trouve beaucoup de plaisir en invitant ses collègues le jour de l'Aid : « J'ai beaucoup d'amis non marocains, et pendant l'Aid je les invite à prendre le déjeuner ou le dîner chez moi, c'est une occasion pour eux de découvrir notre culture, notamment l'art culinaire marocain. Cela nous permet d'échanger les idées et les cultures ». L'Aid reste une journée sacrée pour tous les musulmans où chacun peut observer ce rite à sa manière selon ses moyens et ses habitudes. L'important est que cette fête religieuse continue à être considérée comme l'un des moments où tous les musulmans, se reconnaissent sous le même devoir et le même rituel sacré . « Au pays (le Mali), la fête se déroule presque de la même façon qu'ici au Maroc. Après avoir égorgé et dépiécé le mouton, une partie de la viande est donné en offrande aux plus démunis. Des repas sont envoyés aussi dans les belles familles. Après la prière à la mosquée, on forme des petits groupes pour passer dans l'appartement de chaque membre du groupe, l'aïd étant aussi une journée de pardon et de partage. En général, pour renforcer davantage les liens entre nous, on cotise pour se payer un mouton et faire la fête ensemble. Contrairement à ce que j'ai observé au Maroc (en tout cas dans la plupart des familles avoisinantes) où on accroche le mouton entier à une corde - d'ailleurs j'ignore la raison - et on ne consomme que les viscères et autres organes, nous, on mange essentiellement que de la viande sous différentes préparations. Grillades, fritures... accompagnées ou non de riz, de fonio... », ajoute le jeune malien. Pendant la journée, et à l'instar des marocains, les étrangers, chefs de ménage ou étudiants, se regroupe entre eux pour passer cette journée ensemble : L'Aid Al Adha est une occasion pour tous les yéménites du Maroc de se rencontrer et passer cette journée tous ensemble. Nous préparons donc un programme spécifique pour cette journée, ou étudiants, diplomates et fonctionnaires se regroupent autour du mouton, l'héros de cette fête. Chacun de nous s'occupe d'une tâche, après l'abattage nous préparons le déjeuner; il faut dire que tenons à garder nos traditions et nos habitudes, de ce fait nous préparons des plats typiquement yéménites. L'après midi, nous organisons quelques activités comme la poésie, le théâtre et des spectacles de danse populaire, après je visite quelques amis à moi marocains", déclare un étudiant yéménite. Ainsi, d'une communauté à une autre, les résidents étrangers observent, chacun à sa manière, la fête du mouton. Seuls les menus culinaires et l'ambiance changent d'un individu à un autre suivant son degré d'intégration. Mais l'Aid reste pour tous, une journée de piété, d'abnégation et de tolérance. Aid Moubarak à tous.