Les services des urgences au Maroc sont en état d'urgence. Ces services, qui constituent la vitrine de l'hôpital, deviennent, dans la plupart des cas, un théâtre de phénomènes de débordement. Les personnes qui se présentent dans une situation de faiblesse, de détresse ou de démoralisation, trouvent-elles auprès des services d'urgence, réconfort, quiétude et soins nécessaires ? Ceux qui ont été déjà dans ces services, en tant que patient, nécessitant un traitement d'urgence, ou ayant uniquement accompagné un des leurs, affirment que la situation est catastrophique. En effet, l'enceinte des lieux en question devient, dans la plupart des cas, un théâtre de phénomènes de débordement. Créant un spectacle désolant. Le malade parterre, entre la vie et la mort, mais le service des urgences se trouve dépassé pour le prendre en charge. Les ambulances arrivent avec des malades dans un état critique, victimes des accidents de la circulation, ou souffrant de maladies chroniques, et, dans certains cas, ces malades pourraient rester sans aucune intervention jusqu'au lendemain. Des problèmes à n'en plus finir dans un service qui constitue la vitrine de l'hôpital. Le Professeur Houcine Louardi, chef du service d'accueil des urgences au Centre Hospitalier Universitaire Ibn Rochd et vice-doyen de la faculté de médecine de Casablanca, résume les maux de la médecine des urgences au Maroc en cinq points. Il y a d'abord une inadéquation de l'offre, quantitative et qualitative, aux besoins exprimés par la population. L'absence de communication et de coordination entre les différents intervenants dans le secteur, la protection civile, les collectivités locales, le croissant rouge marocain, les autorités. L'absence de protocolisation, (chacun intervient à sa façon), inexictence de fiche technique pour le malade. Dans les services des urgences au Maroc, les protocoles étrangers sont suivis, mais ils ne correspondent pas à la réalité de la société marocaine. Il y a également l'absence de formation en médecine des urgences et des catastrophes. Les médecins, qui y travaillent jusqu'à présent, sont des médecins «ambulants», dit-il, ils ne peuvent pas donner de leur mieux parce qu'ils ne sont pas rémunérés en tant que spécialistes. Enfin, ajoute le professeur Louardi, il y a le refus des évidences, la politique de tout va bien. Et de préciser que dans un pays développé, le médecin généraliste refuserait de travailler dans le service des urgences. Il y a des normes à respecter. « On l'appelle service dangereux. Il faut que le médecin soit un spécialiste pour y travailler », indique t-il. Depuis le 7 novembre 2002, précise M. Lourdi, la médecine des urgences et des catastrophes est reconnue comme spécialité à part entière, bulletin officiel 5054. Cela revient à dire, a-t-il conclu, que les problèmes des urgences au Maroc seront atténués avec la sortie des premières promotions de spécialistes en matière d'urgence et catastrophe. Mais d'ici là, les services des urgences continueront de souffrir des improvisations et de l'inadéquation de l'offre avec la demande exprimée par la population.