La sacralisation universelle du principe du droit à la santé pose de nouveaux défis aux praticiens et particulièrement aux urgentistes. Plus de quatre millions de patients, soit 13 % de la population, sont pris en charge par le système d'assistance médicale urgente, chaque année au Maroc. Une prise en charge qui demande énormément d'efforts pour assister les personnes qui se présentent aux services des urgences dans une situation de faiblesse, de détresse ou de démoralisation. Comment répondre à ces besoins de la population et éviter les théâtres de phénomènes de débordements qui se créent dans les services en question ? Tel était l'axe principal des débats du 3eme Congrès national de la médecine d'urgence et de catastrophe à Casablanca, organisé par le comité de pilotage des urgences de Casablanca, vendredi et samedi dans la capitale économique. Durant les deux jours de travaux de cette manifestation, à laquelle ont pris part plusieurs délégations de spécialistes représentant huit pays étrangers dont l'Algérie et la Tunisie, et 52 conférenciers, les professionnels marocains en la matière ont passé en revue les points forts et faibles de la médecine d'urgence et de catastrophe, proposant des réformes adéquates destinées à perfectionner les prestations de soins prodigués aux malades. Lors de la séance d'ouverture des travaux de cette manifestation, le ministre de la Santé, Mohamed Cheikh Biadiallah a souligné que l'admission et la prise en charge aux urgences deviennent une responsabilité collective où plusieurs intervenants doivent agir en bonne intelligence, en synergie. Et de préciser que le médecin urgentiste n'est qu'un maillon d'une chaîne ou un élément d'un orchestre qui doit fonctionner avec harmonisation dans un environnement sanitaire défini par une vision d'ensemble et une stratégie cohérente. Et d'ajouter que des efforts importants sont encore nécessaires et doivent être déployés en vue «de consolider les acquis du Maroc et faire face à d'autres défis qui guettent la population notamment les maladies transmissibles et la guerre des routes», rappelant que 63 % des accidentés meurent sur place à Casablanca. Lors d'une conférence de presse organisée à la veille de cette manifestation, le professeur Houcine Louardi, médecin chef du service des Urgences du C.H.U Ibnou Rochd et coordinateur du comité de pilotage du congrès a mis l'accent sur la nécessité de mise à niveau des urgences, sur la formation et sur les compétences. Et de préciser que le manque de corrélationnel et de communication entre les différents intervenants pose problème, avant de plaider pour une mise à niveau urgente du secteur : «Il faut qu'il y ait un label urgence avec cahier de charges à respecter, que l'établissement soit public ou privé». Pendant deux jours, responsables et pratiquants urgentistes à différents niveaux ont écouté des exposés résumant des expériences en la matière qui ont été présentées par des spécialistes étrangers, invités à enrichir l'expérience marocaine qui a commencé depuis le 7 novembre 2002. Date à laquelle la médecine d'urgence et de catastrophe est devenue une spécialité à part entière.