Parmi les chantiers ouverts actuellement et qui suscitent le plus grand intérêt de l'opinion publique, tous milieux confondus, figure, en bonne place, la question de la santé publique. Parmi les chantiers ouverts actuellement et qui suscitent le plus grand intérêt de l'opinion publique, tous milieux confondus, figure, en bonne place, la question de la santé publique. Les premières déclarations du nouveau titulaire du portefeuille de la santé, précédé par ailleurs d'une bonne réputation de professionnel et d'une image valorisante d'intégrité et d'ouverture d'esprit, ont suscité quelques remous et des commentaires peu amènes. Il faut reconnaître que la déclaration du ministre dans laquelle il a affirmé que 80 % des Marocains se soignent gratuitement laisse pantois, tellement elle cadre mal avec l'indigence de notre système de santé, la profonde et injuste inégalité des citoyens en matière de droit à la santé, les graves problèmes de déficit en termes de soins, de prévention et d'assistance médicale dont souffrent des millions de citoyens, notamment en milieu rural et péri-urbain, le maigre taux de couverture sociale, les conditions dramatiques dans lesquelles travaille l'ensemble du corps médical et paramédical de la santé publique, les problèmes de plus en plus aigus rencontrés par les professionnels de la médecine libérale. Autant de compartiments relevant du système de santé et qui sont tous de plus en plus alarmants. Le niveau de dégradation et de complexité des problèmes va même au-delà du simple volontarisme ou engagement personnel de tel ou tel ministre. De l'avis des concernés eux-mêmes, certains prédécesseurs de M. Biadillah sont loin d'avoir démérité au poste qu'il a en charge aujourd'hui. Mais, ils ont tous buté sur la multiplicité des retards, des dysfonctionnements et du cumul des conséquences de mauvaise gestion de l'ensemble des segments du système national de santé. Une situation d'autant plus problématique que les ressources allouées à ce secteur social par excellence ont été les premières victimes des fameux plans d'ajustement structurel successifs qui ont introduit davantage de fragilité dans un domaine déjà dangereusement exsangue. Ce qui limite beaucoup la marge de manœuvre des intervenants. Néanmoins, les solutions existent et il est du devoir de l'ensemble de la communauté nationale de parvenir à relever le défi d'assurer l'accès aux soins de santé, dans des conditions convenables, à l'ensemble des citoyens. C'est un critère de développement et un indicateur du degré d'évolution d'une société. Le débat actuel sur les modalités de mise en œuvre de l'Assurance Maladie Obligatoire (AMO) couvre un important pan de cette problématique. Un traitement qui suppose une vaste concertation entre diverses catégories d'intervenants, à la condition préliminaire que ceux-ci soient suffisamment organisés et représentés : patronat, médecins, salariés, structures hospitalières, pharmaciens, au sein d'organismes de concertation et de coordination du vaste chantier de l'AMO. Parallèlement à cette entreprise ambitieuse, il est urgent d'organiser une autre forme d'assistance médicale pour de vastes couches de la population démunie et fragilisée qui ne peuvent pas prétendre bénéficier de cette couverture obligatoire et qui comptent sur le devoir de solidarité de la communauté nationale. C'est également un aspect important qui fait partie du système de santé d'un pays.