L'article 3 du projet de loi organique crée la polémique à la Chambre des représentants La langue française divise les députés de la première Chambre. En effet, la Chambre des représentants discute actuellement le projet de loi organique relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine. Mais voilà que le débat des parlementaires bute déjà sur une première polémique au sujet de l'article 3. Ce dernier stipule que «le conseil national assure la responsabilité de proposer les orientations stratégiques de l'Etat en matière des politiques linguistiques et culturelles et de veiller à leur homogénéité et complémentarité, notamment en ce qui concerne la protection et le développement des langues officielles du pays l'arabe et l'amazigh (…) et de faciliter l'apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus répandues dans le monde et au Maroc». Et c'est là où le bât blesse pour certains parlementaires. Selon des sources, certains députés ont formulé des interrogations sur les langues étrangères répandues au Maroc quand d'autres y voient clairement un soutien à la langue de Molière. Pourtant, l'article en question n'évoque en aucun cas une langue particulière. Dans ce sens, l'article 3 risque d'être l'un des premiers à être amendés dans le cadre du projet de loi organique relatif au Conseil national des langues et de la culture marocaine. Certaines voix au sein de la commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la première Chambre commencent à se lever pour revoir l'article en question en supprimant tout simplement le passage relatif à la facilitation de l'apprentissage et de l'acquisition des langues étrangères répandues au Maroc sachant que le texte n'en est actuellement qu'à l'étape de l'examen. Il faut préciser que la commission parlementaire de l'enseignement, de la culture et de la communication se réunira demain, mardi 13 février, pour poursuivre l'examen approfondi du projet de loi organique. Pour rappel, l'élaboration du projet de loi organique vient en application des dispositions de la Constitution de 2011. L'article 5 dispose en effet que «l'arabe demeure la langue officielle de l'Etat. L'Etat œuvre à la protection et au développement de la langue arabe, ainsi qu'à la promotion de son utilisation. De même, l'amazigh constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception. Une loi organique définit le processus de mise en œuvre du caractère officiel de cette langue, ainsi que les modalités de son intégration dans l'enseignement et aux domaines prioritaires de la vie publique, et ce afin de lui permettre de remplir à terme sa fonction de langue officielle. L'Etat œuvre à la préservation du Hassani, en tant que partie intégrante de l'identité culturelle marocaine unie, ainsi qu'à la protection des expressions culturelles et des parlers pratiqués au Maroc. De même, il veille à la cohérence de la politique linguistique et culturelle nationale et à l'apprentissage et la maîtrise des langues étrangères les plus utilisées dans le monde, en tant qu'outils de communication, d'intégration et d'interaction avec la société du savoir, et d'ouverture sur les différentes cultures et sur les civilisations contemporaines. Il est créé un Conseil national des langues et de la culture marocaine, chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d'inspiration contemporaine. Il regroupe l'ensemble des institutions concernées par ces domaines. Une loi organique en détermine les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement». Lors du démarrage de l'examen du projet fin janvier dernier, le ministre de la culture et de la communication, Mohamed Laaraj, avait indiqué que la loi organique relative au Conseil national des langues et de la culture marocaine constitue un pas en avant dans la gestion du multilinguisme précisant que cette loi doit tenir compte des exigences de la gestion du multilinguisme, en harmonie avec la politique linguistique du Royaume. L'ensemble des interventions reflète la volonté d'adapter ce projet aux attentes des citoyens et de mettre en œuvre les dispositions de l'article 5 de la Constitution qui a tranché au sujet de la langue et la culture marocaines, a-t-il relevé.