Même un visiteur occasionnel à la capitale économique du Maroc ne raterait pas le spectacle répugnant des tas d'ordures dans tous les recoins du centre de la ville. Jusqu'à quand ? L'air de la capitale économique est irrespirable. Casablanca continue d'exceller dans sa nouvelle version en tant qu'un énorme espace d'exposition d'amas d'ordures ménagères. Il ne s'agit pas des quartiers pauvres et périphériques mais bel et bien du plein centre, soi-disant moderne, de la ville. Le problème c'est que la nouvelle donne est loin d'être prise en considération. Au moment où les campagnes d'assainissement battent leur plein contre l'occupation de l'espace public et le non-respect des normes d'hygiène pour les différents locaux de fast-food, les amoncellements de détritus continuent de faire partie du panorama quotidien des Casablancais. Il est plus que certain que les commissions effectuant les campagnes d'assainissement passent chaque jour devant ces petites collines d'immondices placés un peu partout. Aux environs de Mers Sultan, à titre d'exemple, le spectacle est désolant. A La rue Halab, comme aux rues Baâlabek, des Suippes, d'Irak et bien d'autres jusqu'à la rue Mustapha El Maâni, le spectacle est repoussant. Il en va de même pour Maârif et les parages du boulevard Mohamed V. Et comme un malheur ne vient jamais sans renforts, il s'est avéré que les heures de la collecte effectuée par les services de la Commune favorisent amplement cet état de choses. Dans tous les pays censés observer un minimum de respect à l'environnement, la collecte se fait au petit matin ou tard dans la soirée, quand les gens sont chez eux et que la circulation est très réduite. Paradoxalement, dans le secteur sus cité le ramassage des ordures a lieu à partir de midi ou aux environs de dix-huit heures !! Les heures de pointe où la circulation est au paroxysme de sa densité. Chaque soir, à la rue D'Irak le camion de la collecte bloque la circulation pendant 5 bonnes minutes à chaque carrefour, le temps de décharger les poubelles. Et même cette opération ne se fait pas sans dégâts. Les véhicules en usage ne répondent pas aux normes de «L'hygiène» justement. Presque 30% des ordures restent sur place en plus du liquide nauséabond et nocif qui coule du camion en question. Et dire que la grève observée par les employés des collectivités locales, et parmi eux les éboueurs, aurait dû forcément servir de leçon aux autorités compétentes, suite à l'état dans lequel se trouvait la ville durant une dizaine de jours. Quant aux quartiers populaires et populeux, ce n'est même pas la peine de revenir sur ce problème, car les tas d'ordures constituent désormais un univers de passe-temps pour les enfants, une source de revenus pour les fouineurs à charrettes, et enfin ils astiquent le panorama général de ces quartiers. Les gens commencent à se demander s'il va falloir attendre les prochaines élections communales d'ici six mois, se disant que peut-être de nouveaux responsables seraient à la hauteur de la quête de propreté, l'une des aspirations fondamentales des citoyens en ce troisième millénaire. A cela s'ajoute la nécessité de revoir la situation des gens qui font ce boulot sale. La catégorie professionnelle des éboueurs est dans une situation sociale lamentable, ce qui n'empêche pas pour autant qu'un environnement propre fait partie des conditions de la réussite de toute politique de développement durable.