Dès que les casablancais commencent à espérer en un changement digne des dimensions de leur ville, survient un événement, si minime soit-il, qui remet tout en cause. Une petite grève des éboueurs suffit pour que la ville devienne otage des ordures. Le problème, de notre capitale économique c'est que quand il s'agit d'aller de l'avant en matière d'organisation, cela se fait en lenteur. Mais dès qu'il est question de désorganisation, les choses vont à une vitesse vertigineuse. Il suffit de quelques jours de grève des éboueurs pour que la ville entière se transforme en un grand espace d'exposition d'amas de décharges et d'ordures. Casablanca vient de passer l'un des week-end les plus nauséabonds de son histoire. Aucune région de la ville blanche n'a été épargnée, des quartiers populaires au plus chic des complexes résidentiels. De nombreux boulevards et non des moindres, sont marqués tous les cent mètres d'une petite colline de sacs noirs de plastique plein d'ordures ménagères qu'un esprit non averti prendrait pour des points de vente de dindons. Les grands boulevards, Brahim Roudani, Zerktouni, Mohammed VI, Ibn Tachfine, la Grande ceinture, Mohammed V, Moulay Ismail, Harti, El Golan pour ne citer que ceux-ci, faisaient honte à une métropole soi-disant en plein essor organisationnel. Et dire que la vie des casablancais est rythmée depuis quelque temps par des campagnes rigides de réorganisation et de …récupération de moult espaces et autres biens publics. L'on se souvient de la grève des éboueurs observée les 25, 26 et 27 février, quand des monticules de détritus se sont formés, tout au long des rues, ruelles et boulevards, et même devant les maisons. Les agents des collectivités locales avaient choisi la période d'après la fête d'Al Adha, qui coïncidait avec le wee-kend, pour faire de fortes pressions sur les responsables. C'était une sorte d'avertissement de ce qui pouvait se reproduire en cas de récidivité de la part des éboueurs et qui aurait dû inciter les responsables à prévoir des plans d'urgence le cas échéant. Eh bien il n'en a rien été de tel. Les revendications de ces pauvres gens sont toujours à l'ordre du jour tandis que le citoyen continue de vivre le calvaire au moindre retard de la collecte des ordures. Pour une future capitale « continentale », l'impression est plutôt en défaveur des prétentions gonflables à coups de déclarations par-ci et par-là. Dimanche matin, les employés des collectivités ont repris leurs activités. Lors du ramassage des tas d'ordures formés pendant leur absence, des milliers de vers poilus et noirâtres se sont répandus sur les chaussées comme c'est le cas Bd Iben Tachfine devat le lycée Okba bnou Nafii. Aucun traitement hygiénique n'a accompagné cette reprise de travail, juste le ramassage comme à l'accoutumée. Où vont ces vers et autres parasites, véhicules incontestés de virus et de maladies, laissés sur place ? Bien entendu vers les portes de maisons les plus proches, pour se réfugier de la chaleur et de la lumière. Ce constat est à la portée de n'importe quel visiteur de Casablanca, investisseur ou touriste. Quant aux quartiers populaires, ils sont déjà sales sans qu'il y ait grève, il vaudrait mieux ne pas en parler sachant que les quartiers les plus raffinés sont noyés sous les détritus.