Déroutante histoire que celle de ce mineur marocain considéré par erreur comme adulte par la justice de Las Palmas. Driss Faïz, accusé d'être le chef d'un réseau d'émigration clandestine, est abandonné de tous. La famille Faïz est aux abois. Depuis plusieurs mois, elle n'a plus de nouvelle de son fils Driss. Celui-ci, est placé sous détention dans une prison de Las Palmas aux îles Canaries. La mésaventure du jeune prisonnier a commencé lorsque la garde civile de Las palmas a intercepté, en date du 13 mai 2002, une patera en provenance de Laâyouve avec à son bord une vingtaine de candidats à l'émigration clandestine. Driss Faïz était du voyage. On l'accuse sans autre forme de procès d'être l'organisateur et le meneur de cette opération. Chose que l'intéressé nie en bloc. Apparemment, on a voulu lui faire porter un chapeau qui est manifestement trop grand pour lui eu égard à son jeune âge. En outre, il y a eu méprise sur la date de naissance du prévenu qui a est né en réalité, selon l'état civil, en août 1984. Mais le PV le concernant signale la date de 1983…Cette erreur change le statut de Driss qui fait de lui une personne majeure alors qu'elle est en vérité mineure au moment des faits. Aussi, l'accusé aurait dû être placé sous la tutelle d'un juge dans un centre social pour mineurs…Dépendants de la commune, ces centres qui existent dans toutes les villes espagnoles ont pour rôle d'assurer, en plus de l'hébergement, l'encadrement et la formation des pensionnaires…Ici, ces derniers sont bien traités et leurs droits préservés conformément aux conventions internationales sur les enfants… Dès qu'ils atteignent l'âge de la majorité, ils sont pour la plupart régularisés et même aidés à trouver un emploi… Près de 90% des cas arrivent à s'insérer dans leur nouveau pays d'accueil. Considéré comme majeur et vacciné, Driss Faïz a vu du coup ses droits bafoués en se voyant appliquer à son corps défendant une procédure juridique sans rapport avec son vrai âge. Jeté dans une cellule avec des adultes, accusé d'être l'instigateur d'une opération d'émigration clandestine qui le dépasse, ne sachant ni lire ni écrire, il est livré à lui-même, pris en tenaille entre une justice qui risque d'être sévère et un pays d'origine qui ne vole pas à son secours. La règle veut que les autorités ibériques informent le corps consulaire marocain établi en Espagne de l'arrestation d'un ressortissant marocain qu'il soit mineur ou adulte. Dans le cas de Driss, le consulat du Royaume à Las Palmas n'a pas bougé le petit doigt ne serait-ce que pour aller s'enquérir de sa situation et savoir de quoi il retourne dans cette étrange affaire. D'ailleurs, l'oncle du jeune détenu, Mounir Feddane, a adressé plusieurs correspondances au consul marocain de Las Palmas. Aucune réponse jusqu'à ce jour.