Une famille marocaine se trouve impuissante devant la disparition inexpliquée de son fils après son arrestation par la garde civile espagnole… Le 13 mai 2002, la famille "Faïz" recevait un message adressé par la gendarmerie royale de Laâyoune l'informant que "le nommé Driss Faïz…a embarqué sur un chalutier en compagnie de vingt personnes à destination de Las Palmas (îles Canaries) et que l'ensemble des candidats a été arrêté par la garde civile de la ville". Aujourd'hui, sept mois plus tard, ce message reste l'unique communication que les parents du jeune Driss ont reçu à propos de leur fils. Car, depuis, aucun signe de vie. Ni les autorités espagnoles, ni les services officiels marocains n'ont plus informé sur le sort de ce jeune homme. Et ce malgré les démarches de la famille auprès desdites administrations pour demander des informations sur la situation de son fils. Driss, né en 1984 à douar Chrouka – Aoulad Aïssa dans la province d'El Jadida, travaillait à Laâyoune dans le secteur de la pêche traditionnelle. Ce travail, il l'avait obtenu grâce à ses oncles travaillant dans le même secteur. La dernière fois que ses parents l'ont vu a été en avril 2001, date de son départ vers Laâyoune. S'agissant de son aventure d'immigration clandestine, Driss n'en a pas informé sa famille. Sa décision, il l'avait prise et mise à exécution tout seul. Lorsque les parents avaient reçu le message, ils avaient cru que leur fils allait être rapatrié dans les jours qui suivent, mais, ce ne fût pas le cas. Ils attendirent en vain son retour durant des semaines. Ils finirent par comprendre que la situation était anormale et qu'il fallait agir. Sur ce, la famille a chargé l'oncle du jeune disparu, Mounir Feddane, de mener des recherches. Ainsi, ne pouvant pas se déplacer aux îles Canaries pour des raisons évidentes, M. Feddane entreprit des contacts avec les services consulaires marocains à Las Palmas pour demander leur intervention auprès de la garde civile espagnole afin d'avoir des informations officielles sur les raisons de cette disparition. Mais, après plusieurs correspondances envoyées au consulat général du Maroc à Las Palmas, et après plusieurs appels téléphoniques, ces services n'ont donné aucune suite aux appels de la famille et n'ont pas daigné répondre. Malgré cette indifférence préméditée des services consulaires marocains, la famille n'a pas désespéré et avait soumis l'affaire au ministère des affaires étrangères à Raba, La même procédure, à savoir une demande déposée au bureau d'ordre suivie de tentatives de contacts directs avec les responsables. Mais, la même indifférence est à l'affiche. Désespérés, les membres de la famille de Driss ont contacté notre rédaction dans l'espoir de trouver un soutien à leur quête juste et compréhensible. Muni de quelques dizaines de photocopies de correspondances avec les services centraux et consulaires du ministère des affaires étrangères, l'oncle du jeune disparu nous expliqua que son neveu est un jeune qui provient de la campagne qui ne parle aucune langue étrangère et il ne saurait donc se débrouiller en cas de problèmes. Nous entreprîmes alors des contacts à Las Palmas pour nous enquérir de la situation. Des collègues espagnols nous informèrent que la garde civile espagnole est très réservée sur le sujet de l'immigration clandestine et qu'elle ne communique pas extra-officiellement sur l'identité des clandestins appréhendés ou sur leur situation. Après des contacts et des recherches établis sur place, trois possibilités ont été retenues pour expliquer la disparition mystérieuse de Driss. D'abord, il y l'éventualité de son internement dans un centre de détention des immigrés clandestins. La deuxième éventualité est qu'il ait été mis en liberté, car au moment de sa détention par la garde civile, il était encore mineur. La troisième hypothèse qui expliquerait sa disparition, toujours selon nos collègues espagnols, est qu'il soit tombé entre les mains des mafias de l'immigration. L'enquête est à son début.