Lorsque l'oncle de Driss Faïz nous a contactés à la rédaction d'ALM pour nous sensibiliser au cas de ce jeune homme dont la famille avait perdu la trace pendant des mois, nous étions très loin de nous imaginer la gravité de la situation de ce garçon, parti à la recherche de l'Eldorado de l'émigration vers des cieux plus cléments et plus généreux. Lorsque l'oncle de Driss Faïz nous a contactés à la rédaction d'ALM pour nous sensibiliser au cas de ce jeune homme dont la famille avait perdu la trace pendant des mois, nous étions très loin de nous imaginer la gravité de la situation de ce garçon, parti à la recherche de l'Eldorado de l'émigration vers des cieux plus cléments et plus généreux. La seule piste qui se présentait à nous, pour d'éventuelles investigations, était l'avis d'arrestation du jeune homme émanant des autorités marocaines et informant sa famille que leur fils était tombé parmi un groupe de candidats à l'immigration clandestine vers les Îles Canaries. Puis, plus rien ! Après les nombreuses tentatives de la famille de retrouver la trace du disparu, auprès des autorités marocaines comme des autorités espagnoles, nous avons également pris le relais et très vite nous nous sentions interpellés par ce cas humanitaire, qui n'est malheureusement pas le seul cas de cette espèce. Mais, nous nous sommes dit que ce cas est très représentatif de dizaines de milliers d'autres destins pris en tenaille entre l'ignorance et l'inconscience des intéressés, l'inhumanité des réseaux de traite des esclaves des temps modernes, l'indifférence des administrations, tant du pays d'origine que du pays d'«accueil», l'opacité de ce continent d'injustice par rapport aux associations de défense des droits de l'homme et aux médias. Nous avons vérifié par nous-mêmes que même lorsque les demandes d'informations émanent de journalistes maîtrisant la langue des interlocuteurs et ayant une bonne connaissance du monde ibérique, l'accès à l'information utile ou à des prises de contact efficientes demeure très aléatoire. Mais, le plus grave c'est de se rendre compte que des cas comme celui de Driss Faïz et de sa famille, ne trouvent ni recours, ni assistance de la part de l'administration marocaine. Les choses sont d'autant plus enrageantes et douloureuses lorsque nulle information n'est disponible pour aiguillonner les intéressés vers les structures ou les circuits auprès desquels ils pourront trouver une quelconque assistance. Pourtant, il existe un consulat du Maroc aux îles Canaries, il existe une ambassade du Maroc à Madrid, il existe un ministère marocain des Affaires étrangères, comme il existe sur le sol marocain des représentations des autorités espagnoles de toutes natures et à même de permettre d'engager des démarches et de s'informer dans de pareilles circonstances. Avec tous les moyens de communication et les relais d'information disponibles à l'heure actuelle. Apparemment, tout ce dispositif n'a pas pu permettre de venir en aide à Driss Faïz et de lui assurer une défense et un traitement décents. Au moment même où un nouveau ministère chargé des affaires de la communauté marocaine expatriée est en train de s'installer, l'affaire Driss Faïz vient rappeler, de manière pathétique, que d'innombrables vies sont brisées dans ce no man's land juridique qui constitue le destin des candidats à l'immigration clandestine. Ces damnés de la terre ne doivent certainement pas perdre, avec leurs illusions et leur foi dans un avenir sur le sol de leur patrie, le droit de jouir de la reconnaissance et de la défense de leur pays, duquel ils demeurent, malgré tout, dépendants.