Le président de la Chambre des représentants, Abdelouahed Radi, estime, contrairement au Premier secrétaire de l'USFP, que le septième congrès ne devrait pas débattre de l'expérience de l'Alternance, ni de la révision de la Constitution. A quelques semaines de la tenue du septième congrès de l'USFP, dont la date n'a pas encore été fixée, des bras de fer politiques commencent déjà à opposer les principaux dirigeants du parti. Abdelouahed Radi, président de la Chambre des représentants et membre du Bureau politique de l'USFP, lors d'un débat organisé par la Fondation Bouabid, il y a quelques jours, a été on ne peut plus clair. Il estime que l'évaluation de la période transitoire qui a commencé en 1998 avec la fameuse alternance et l'expérience gouvernementale de l'USFP ne devraient aucunement faire l'objet d'un débat par les congressistes. À ses yeux, cette tâche doit, en revanche, revenir à des experts et non à des militants venant des quatre coins du pays. Cette position d'Abdelouahed Radi est nettement à l'opposé de celle que défendent mordicus Mohamed Elyazghi et son clan. Le chef soutenu par ses partisans a la ferme intention de maintenir ces questions à l'ordre du jour du congrès. Une manière peut être d'évacuer les sujets qui fâchent mais qui y interessent l'avenir de ce parti. Abdelkader Baïna, membre du Bureau politique, a affirmé dans un entretien accordé à ALM, que des commissions seront chargées de préparer des plates-formes pour la discussion, non seulement de la période transitoire et de l'action gouvernementale, de manière générale, mais également du rôle du Parlement. Pour M.Baïna, "les propos de Radi ont été mal interprétés", en témoigne la diffusion par le Bureau politique, la semaine dernière, d'un communiqué dans lequel il rappelait l'ensemble des chantiers qui seront lancés lors du septième congrès. Abdelouahed Radi a également souligné, en substance, que la Constitution marocaine est parfaite et qu'elle ne mérite absolument aucune révision. Nous sommes, là encore, face à un son de cloche nettement différent de celui d'Elyazghi et beaucoup d'autres responsables du parti. Le président de la Chambre des représentants, dont le poids au sein de l'USFP ne fait pas de doute, a souligné, par ailleurs, que le gouvernement actuel est tout à fait homogène. Ce qui manque, à ses yeux, c'est une loi capable de régir le fonctionnement des partis politiques. Derrière ces propos, certains perçoivent une véritable tension entre le Premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi et le président de la première Chambre. Les deux hommes se livrent aujourd'hui une bataille idéologique et politique (salutaire par ailleurs) qu'ils n'ont pas eu l'occasion d'avoir lors de l'élection du Premier secrétaire du parti, après le départ d'Abderrahman Youssoufi. A l'époque, M.Radi a refusé, par calcul politique peut-être, de briguer le fauteuil du responsable numéro un de l'USFP alors qu'il avait, semble-t-il tous les atouts en main. Mais aujourd'hui, il ne semble pas vouloir y aller de main morte. Et pour cause, sur la base de l'évaluation de l'expérience de l'alternance, les organisateurs du congrès espèrent ouvrir un débat sur les réformes politiques à engager et, par ricochet, justifier une refonte de la Constitution. Cette dernière devant aboutir à un élargissement substantiel des prérogatives du Parlement. Et qui dit Parlement, dit Abdelouahed Radi. Car, pour rappel, l'élection du Président de la Chambre des représentants aura lieu le 8 avril prochain. Quelques jours seulement après le septième congrès. L'Istiqlal ayant manifesté, lui-aussi, sa volonté de demander au Souverain une révision de la Loi fondamentale, Radi a du pain sur la planche. Et pour cause, le renforcement du pouvoir du Parlement est une idée qui risque de séduire le parti d'Abbas El Fassi. En fait, c'est déjà le cas. Le secrétaire général de l'Istiqlal a publiquement manifesté l'intention de son parti de soumettre à SM le Roi une demande collective (avec l'USFP et probablement le RNI, les partis d'opposition étant catégoriquement contre) pour la réforme de la Constitution. En somme, les socialistes marocains peuvent toujours se consoler en disant que le bras de fer Elyazghi-Radi est une preuve que le parti est en bonne santé.