Dans les quatre coins de l'Algérie, des manifestants expriment leur colère contre le chômage, la pauvreté, la cherté de la vie, etc. L'Algérie est en train de vivre un véritable soulèvement populaire. En plus du dossier du terrorisme et des Arouchs, le gouvernement algérien est contraint de régler une affaire non moins sensible: la colère populaire. A l'origine de cet ire, la cherté de la vie. Depuis plusieurs jours, dans les quatre coins du pays, les populations se mobilisent pour faire entendre leurs voix. Les scènes d'émeutes rappellent celles de mai 1968 en France ou à moindre mesure le soulèvement populaire d'octobre 1988 dans les grandes villes algériennes. A l'origine de ce mouvement de protestation généralisé, donc, le sempiternel problème du chômage, bien évidemment, mais aussi l'augmentation des tarifs du transport collectif, le manque d'eau potable et la mauvaise gestion des affaires locales. Sans compter la hausse d'environ 25% du prix du gaz butane. D'ailleurs, le butane est considéré par les Algériens comme le "produit du pauvre". Les citoyens algériens ne trouvent aucune explication à cette hausse soudaine. Pourtant, leur pays est un des plus grands producteurs de gaz naturel au monde. En plus, la flambée du prix du pétrole a permis à l'Algérie de constituer une importante réserve en devises. Dans plusieurs communes de la wilaya de Tiaret, au centre-nord de l'Algérie, les manifestants, des jeunes pour la plupart, ont carrément bloqué les routes nationales. Pour les disperser, les gendarmes ont recours aux tirs de gaz lacrymogène et ont lâché les chiens aux trousses des manifestants. Plusieurs manifestants et gendarmes ont été blessés. Et des véhicules de la gendarmerie ont été entièrement saccagés. Des scènes de violence et de contre-violence qui n'ont fait que compliquer la donne. Puisque maintenant, les protestataires ont ajouté dans la longue liste de leurs revendications, la libération de leurs camarades. Non loin des frontières marocaines, à Maghnia plus exactement, l'augmentation du prix du ticket de bus à été à l'origine d'une grave émeute populaire. Ce sont les transporteurs privés qui assurent la liaison entre la ville de Maghia et le plus important village de la commune, Battaim, qui ont décidé de doubler le prix du ticket de transport (de 5 à 10 dinars). Les usagers, ayant considéré cette augmentation comme "illégale", ont donc laissé éclater leur colère. C'est en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Et pour cause, les habitants de Battaim ne disposent ni du gaz, ni du téléphone. Sans parler de la vétusté du réseau électrique. Dans la région de Bouira, cette-fois à l'est d'Alger, les manifestants ont également bloqué des routes nationales en y plaçant des pneus incendiés. A chaque fois c'est le même refrain. La pauvreté, le chômage, la hausse des prix de première nécessité… Le problème de l'Algérie n'est pas totalement économique. En fait, il y a une question identitaire que les Algériens n'ont pas réussi à résoudre. Le régime révolutionnaire, incarné par l'ancien président Houari Boumedienne, est à l'origine de ce dérèglement identitaire chez les jeunes Algériens. Ces derniers se réfèrent systématiquement à la guerre de libération, à la violence. L'Algérien s'identifie comme étant, avant tout, un combattant potentiel. C'est ce matraquage idéologique, digne de la propagande du jdanovisme, a donné naissance à une jeunesse à la recherche de références. Le seul qu'elle connaisse c'est la violence. C'est ainsi que les objectifs s'atteignent, selon elle. Aussi, en l'absence d'une société civile, socialement dynamique, et de partis politiques, capables de mobiliser les foules, les populations se sentent constamment bernées. En principe, la classe politique devrait absorber cette colère et la traduire en actions politiques concrètes au Parlement ou même dans la rue. Mais de manière civilisée. Quand l'Algérie aura trouvé une solution à son problème identitaire, bon nombre de ses problèmes seront facilement résolus. Y compris son attitude à l'égard du Maroc. La relation entre le Maroc et l'Algérie relève non pas du politique pur et dur, mais carrément du pathologique. En clair, la paix interne en Algérie permettra inéluctablement à un retour à la normale entre les deux voisins.