Qu'est-ce qui fait courir Bouteflika ? Le voilà qui courtise l'OTAN pour l'impliquer, dit-il, dans la lutte contre le terrorisme en Algérie. Le disciple de Boumediene est en train de renier son héritage et la légitimité dont il s'est réclamé pour accéder au pouvoir? Qu'est-ce qui fait courir Bouteflika ? Le voilà qui courtise l'OTAN pour l'impliquer, dit-il, dans la lutte contre le terrorisme en Algérie. Le disciple de Boumediene est en train de renier son héritage et la légitimité dont il s'est réclamé pour accéder au pouvoir? L'idéologie qui a présidé à l'orientation politique de l'Algérie post-coloniale était d'essence socialiste et anti-impérialiste, c'est-à-dire résolument opposée aux Etats-Unis et à l'OTAN, considéré comme son instrument pour asservir les peuples. Tout cela relève désormais du passé. Aujourd'hui, il réclame une plus grande coopération à l'OTAN et demande aux Etats-Unis de lui fournir des armements pour moderniser ses troupes, avec la même argumentation, combattre le terrorisme en Algérie. À l'évidence, le terrorisme constitue pour Alger la justification idéale pour légitimer sa course effrénée à l'armement. Quid des raisons objectives qui sont à l'origine d'un phénomène qui trouve ses origines dans la nature même d'un régime d'essence répressive et mafieuse, que le « vernis démocratique » n'arrive pas à dissimuler. Bouteflika récolte aujourd'hui ce que le régime des généraux a semé depuis longtemps et dont la manifestation la plus patente a été l'annulation des élections législatives de décembre 1991, remportées par le Front Islamique du Salut (FIS). Cette malheureuse manipulation des militaires algériens annonçait la descente aux enfers pour ce pays martyrisé par ses propres fils. Onze plus tard, la guerre civile est toujours là, plus meurtrière que jamais. Elle s'est même compliquée avec des tendances indépendantistes berbères. Depuis le fameux «printemps kabyle», l'Algérie est entrée dans une dynamique de sécession jalonnée d'assassinats, d'émeutes, d'arrestations et de parodies de procès collectifs. Le respect de la loi ne semble pas faire partie de la culture des responsables, civils et militaires, algériens. Les marches pacifiques des «Arouchs» de Kabylie sont systématiquement interdites. Des centaines de personnes sont brutalement interpellées et traînées vers des commissariats et des casernes. C'est une répression à huis clos que subit le peuple algérien dont le régime, qui joue sa survie, a choisi la voie de la violence systématique pour essayer d'endiguer l'embrasement général. En allant se lamenter auprès de l'oncle Sam, décrié, il n'y a pas si longtemps, Bouteflika cherche à internationaliser des contradictions internes à l'Algérie. Ce qui n'empêchera pas les Algériens de continuer à réclamer la vérité sur la sale guerre de ces onze dernières années.