Alors que Washington peaufine ses préparatifs pour une guerre, le Koweït rejette les excuses de Saddam Hussein. Les enquêteurs de l'ONU inspectent de nouveaux sites. Le gouvernement irakien affirme ne plus disposer d'armes de destruction massive. C'est ce qui se dégage de l'imposant inventaire de ses programmes militaires remis le week-end à l'ONU. Ce document, de quelque 1.200 pages plus des disquettes informatiques, «répond à toutes les questions posées ces derniers mois et ces dernières années», a assuré le général Houssam Mohamed Amin, qui a supervisé la rédaction de la déclaration. «Je répète que l'Irak n'a pas d'armes de destruction massive. Si les Etats-Unis ont un minimum de justice et de courage, ils devraient accepter le rapport et dire que ceci est la vérité», a-t-il, ajouté avant de préciser que Bagdad publierait ultérieurement les noms des sociétés et des pays ayant aidé l'Irak à développer par le passé des armes de destruction massive. Le rapport en question a été expédié hier dimanche au siège des Nations unies à New York et à l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), à Vienne. Les experts des deux organisations mettront des semaines à étudier l'inventaire irakien et leurs inspecteurs des mois à vérifier sur place. Les Américains n'ont pas montré de surprise à l'égard de la copie blanche de Bagdad. Ils restent convaincus que l'Irak possède un arsenal de destruction massive, et sont prêts à passer à l'offensive militaire. Ils ne veulent cependant pas trahir leurs sources en révélant les informations dont ils disposent sur l'existence de cet armement. Ils continuent néanmoins à affirmer détenir des preuves solides de l'existence de tels programmes sans détailler ces preuves. Des responsables américains indiquent que certaines de leurs sources étaient très sensibles, comme des personnes sur le terrain. Des membres de l'Administration Bush disent qu'il faut faire attention à ce que les rôles ne soient pas renversés : «C'est à l'Irak de fournir les preuves de son désarmement, ce n'est pas à nous de prouver le contraire». Concernant la mise à disposition des inspecteurs des Nations unies des preuves américaines, ces responsables ont affirmé que des discussions étaient en cours à l'initiative de l'ONU. Parallèlement à la remise à cette dernière du rapport sur son arsenal militaire, Saddam Hussein présentait au Koweït des excuses pour son invasion et son occupation en 1990, tout en l'exhortant à rejoindre la lutte contre les armées étrangères. «Nous demandons pardon à Dieu pour tout acte ayant soulevé sa colère dans le passé, que nous avons pu commettre et dans cet esprit nous vous présentons nos excuses», a déclaré le président irakien dans une lettre adressée aux Koweïtiens, lue à la télévision irakienne. Le Koweït a promptement rejeté ces excuses, accusant Bagdad d'encourager les attentats contre les soldats américains stationnés sur son sol. Sur le terrain, les experts onusiens ont procédé hier dimanche à l'inspection d'un centre de recherches géologiques à Bagdad et d'une usine de pesticides au Nord-Ouest de la capitale. Ils ont désormais visité 23 sites depuis la reprise des inspections le 27 novembre dernier. Une nouvelle équipe d'experts était attendue hier à Bagdad pour aller plus vite dans l'application de la résolution 1441 de l'ONU. Huit hélicoptères sont également attendus dans les prochains jours. Une centaine d'experts devraient être à l'œuvre d'ici fin décembre. Sur le plan militaire, les Etats-Unis auront bientôt suffisamment de moyens dans le Golfe pour être capables de lancer une attaque contre l'Irak au cours du mois de janvier, écrivait hier le New York Times, citant de hauts responsables militaires américains. Quelque 60.000 soldats, marins et aviateurs, ainsi qu'environ 200 avions se trouvent dans, ou près de la région, indique le journal. Ces effectifs permettent qu'un ordre d'attaque du président George Bush, destiné à renverser Saddam Hussein, soit exécuté en quelques jours. Très prochainement, quatre porte-avions seront positionnés pour effectuer des frappes contre l'Irak, ainsi qu'un cinquième, actuellement en Asie du Sud-est, qui est prêt à faire route vers le Golfe en cas de guerre. Des forces des opérations spéciales américaines peaufinent leurs schémas pour paralyser les moyens militaires irakiens. Quelque 1.000 stratèges sont actuellement au Qatar et dans d'autres Etats du Golfe pour entamer, dès ce lundi, des manœuvres militaires, simulées sur ordinateurs en prévision d'une frappe contre Bagdad. Des sources militaires américaine ont affirmé que des forces du Pentagone pourraient attaquer maintenant s'il le faut : «Les choses se mettent en place», assurent ces sources.