Irak. Les opposants irakiens pensent déjà à l'après Saddam. Un document -programme gouvernemental- est adopté. Sur le terrain, une nouvelle journée chargée pour les inspecteurs de l'ONU. Les opposants irakiens à Saddam Hussein ont arrêté une plate-forme commune prévoyant l'instauration d'un Etat fédéral après le renversement de Saddam Hussein. 330 délégués, représentant six groupes d'opposition reconnus et financés par Washington, se sont mis d'accord sur un document, rendu publique hier, qui rejette tout protectorat ou colonisation de l'Irak et appelle à ce que le nouveau régime irakien soit une démocratie fédérale qui a pour religion l'Islam. Ces déclarations de principe n'ont pas caché de profondes divergences sur la composition du Comité de Direction, de 40 à 45 membres, qui pourrait former un gouvernement provisoire pour succéder à Saddam Hussein. L'opposition irakienne réclame le droit de produire autant de pétrole que le permet la capacité irakienne. Elle revendique le retour dans leurs villes ou les villages d'origine, de dizaines de milliers de Kurdes chassés de chez eux par Saddam Hussein. Ils doivent également bénéficier d'indemnités. La déclaration reconnaît aussi que les Chiites, majoritaires en Irak, ont souffert d'une discrimination officielle qui les a exclus du système politique. L'opposition irakienne a aussi dressé une liste de 49 dignitaires du régime actuel qui devraient être jugés, dont Saddam Hussein et ses deux fils, Odaï et Kosaï, ainsi que son lieutenant au Conseil du Commandement révolutionnaire, Izzat Ibrahim et son vice-président, Taha Yassin Ramadan. Sur le terrain, plusieurs équipes d'experts de l'ONU ont poursuivi hier des inspections de sites militaires irakiens, après avoir reçu le week-end des renforts en hommes et matériel. L'une des équipes s'est dirigée vers une usine de produits chimiques où elle doit vérifier que l'usine ne produit pas d'agents chimiques pouvant servir dans la fabrication d'armes. Sur le plan militaire, une cinquantaine de camions, transportant des armes américaines légères, sont entrés au Nord de l'Irak alors que la Turquie déployait des troupes au long de la frontière. Ces armes peuvent équiper quelque 2000 Kurdes entraînés par 500 Américains au Nord de l'Irak. Sur 400 km, la Turquie s'est positionnée officiellement pour parer à un afflux éventuel de réfugiés en cas de frappe américaine, pour contrer une offensive des nationalistes kurdes du Parti PKK et pour s'opposer à l ' éventuelle création d'un Etat kurde. Selon plusieurs sources, la Turquie pourrait répondre dès cette semaine à la demande américaine de l'ouverture de plusieurs bases aériennes dans l'Est et le Sud anatoliens, pour d'éventuelles missions de guerre. Washington envisage d'investir entre 700 et 800 millions de dollars pour la modernisation de ces aéroports. Selon la presse, le pentagone souhaite aussi déployer 30.000 hommes en Turquie et 60.000 au Nord de l'Irak. Par ailleurs, des responsables britanniques se sont déclarés « très déçus » par le contenu de la déclaration irakienne sur son armement de destruction massive. Selon un responsable gouvernemental, l'inventaire irakien laisse sans réponse de nombreuses interrogations au sujet d'armes chimiques, biologiques et nucléaires. Londres accuse Bagdad d'accumuler des armes de destruction massive et de disposer de plans militaires lui permettant de lancer des frappes dans un délai de 45 mn. Enfin,, le contrat d'exploitation pétrolière avec la société russe «Lukoil», annulé par l'Irak pourrait revenir à une firme russe a déclaré le ministre irakien du pétrole. L'annulation de ce contrat de 3,7 milliards de dollars avait fait l'effet d'une condamnation d'un vieil allié. Elle serait justifiée par la signature par Moscou de la résolution 1441 du Conseil de Sécurité.