Mustapha Ramid, chef du groupe du Parti de la justice et du Développement (PJD) à la Chambre des Représentants est catégorique : il y a eu négligence à la SAMIR. Entretien. Aujourd'hui le Maroc : Le Maroc est endeuillé par les catastrophes d'inondations et de la Samir. Comment votre parti perçoit-il cette situation ? Mustapha Ramid : D'abord, il y a un constat désolant que tout un chacun peut faire. Notre pays n'est pas équipé pour faire face aux aléas de la nature. On souffre des années de sécheresse parce qu'on n'est pas équipé. Et on souffre lorsqu'il pleut parce qu'encore une fois on n'est pas équipé. Et pourtant, des infrastructures existaient, mais elles ont été complètement détruites ou sont devenues inopérationnelles, le laisser aller et le manque d'entretien ont eu leur effet. Des deniers publics ont été dilapidés. Au-delà du constat, les Marocains veulent savoir qui est responsable de leur drame ? Il est prématuré de parler des responsabilités et de déterminer qui est responsable et qui ne l'est pas. Il y a eu des pluies peut être exceptionnelles, mais l'enquête doit déterminer s'il n'y a pas faute ou erreur humaine. Cela dit, il est inconcevable que la ville de Mohammedia continue chaque fois qu'il pleut d'être inondée. Il y a des problèmes qu'il faut résoudre au niveau de cette ville et des responsabilités à déterminer. Mais une nécessité absolue : il faut construire un nouveau barrage sur l'Oued El Maleh… Par contre, pour ce qui est de la SAMIR, la responsabilité est claire et ne fait aucun doute : la direction générale savait qu'il y avait des risques et n'a pris aucune mesure de sécurité, des semaines avant le drame. Les autorités locales ont été informées bien avant sans qu'aucune suite ne soit donnée. Maintenant il va falloir tirer cela au clair et tirer les leçons qu'il faut et entamer les procédures adéquates. Qu'est ce que le PJD a fait depuis que la catastrophe a lieu et que compte-t-il faire ? D'abord sur le terrain, nos frères du parti ont agi selon leurs moyens pour venir en aide aux sinistrés et secourir ceux parmi eux qui sont dans des situations critiques. Cela dit, il ne faut pas oublier que toute action de notre part dans ce domaine est mal interprétée et donc on est obligé d'agir sans trop brusquer les choses. Nous sommes des acteurs pour le bien de la nation et nous réfutons toute interprétation politicienne qui risque d'alourdir le bilan des sinistrés… Sur le plan institutionnel, nous allons poser une question orale aux ministres concernés et nous évaluerons la situation en fonction de son évolution pour éventuellement prendre d'autres mesures, dans le sens de la demande d'une commission d'enquête, par exemple… Vous parlez en tant que leader de l'opposition. Et à ce titre, comment le PJD compte-t-il réagir pour peser sur le cours des choses après le vote de la déclaration gouvernementale ? Nous avons formulé plusieurs critiques contre cette déclaration. Nous passerons à une deuxième vitesse lors des discussions du projet la loi de finances qui constitue un moment fort dans la vie parlementaire. Et aussi lors des discussions des budgets sectoriels. L'essentiel pour nous c'est de faire les propositions qu'il faut, que nous jugeons utiles pour la bonne marche du pays. Nous allons procéder à toutes les mesures à même de sensibiliser le gouvernement en tant que force de proposition et de contrôle et nous allons entamer les procédures adéquates pour l'obliger s'il le faut à prendre les mesures que nous estimons urgentes. Cela dit, la réaction du gouvernement et de sa majorité reste indéterminée et on jugera sur pièce. Vous continuez à travailler en solitaire ou allez-vous conclure des alliances avec l'opposition ? Par principe, nous ne refusons pas des alliances. Mais nous considérons que le champ politique tel qu'il a été façonné par les élections du 27 septembre n'est pas mûr pour des alliances durables. Par contre, pour toute action dont le but est le bien du pays et de la nation, nous coordonnerons nos efforts avec les partis qui la soutiendront… Ce seront des alliances de conjoncture, au coup par coup… Cela dit, nous nous demandons vraiment si au Maroc nous avons des partis politiques ou autre chose, exception faite de deux ou trois formations politiques. Cela veut dire que vous contestez l'existence de certains partis ? Nous considérons que des partis naissent pour servir de tremplin à certaines personnes. Pas de militants convaincus, chacun y vient pour ses propres intérêts. Et dès que la fête est terminée, on n'entend plus parler d'eux… Notre espoir est de voir adopter la nouvelle loi sur les partis avec des conditions strictes de leur constitution et un seuil minimal de 5% pour leur entrée au Parlement. C'est une loi qui permettra de faire du ménage et réguler de manière scientifique la scène politique. La loi doit aussi fixer des règles de démocratie interne pour que chaque parti soit comptable devant tout le monde sur tout ce qu'il entreprend. Je tiens à souligner que le gouvernement sortant a raté le coche lorsqu'il n'a pas pris en compte notre proposition de 5% parce qu'elle aurait limité les transhumances que tout citoyen honnête condamne aujourd'hui. Quelles mesures préconisez-vous justement contre la transhumance? Il est clair qu'un élu l'a été sur la base d'un programme et les électeurs ont le droit de réclamer ce qu'il en est advenu. Si le député change de groupe ou de parti politique, il doit démissionner et les élections refaites dans sa circonscription. Il a droit de se représenter sous ses nouvelles couleurs…