L'affaire du camion militaire espagnol intercepté, lundi au port de Melillia, alors qu'il transportait 760 Kg de Haschisch, continue de susciter la polémique en Espagne. Dans les milieux politique, militaire et judiciaire, les déclarations d'indignation se multiplient sur une affaire qui a choqué les citoyens de ce pays. La déclaration la plus ridicule, sur ce sujet, a été faite par le ministre de la Défense, Federico Trillo, et qui a été très mal appréciée par la Garde civile. Fidèle à sa réputation, Trillo n'a pas laissé passer l'occasion pour ajouter une autre bévue à son palmarès. Se trouvant à Bruxelles où il assiste à une conférence des ministres européens de la Défense, il a déclaré que "le camion de l'armée, où l'on a trouvé les 760 Kg de Haschisch, est resté deux jours dans le port, à l'extérieur de la caserne…donc, n'importe qui aurait pu y mettre la drogue". Suite à cette déclaration, la garde civile de Melillia a totalement écarté l'éventualité d'un chargement à l'extérieur des dépendances militaires, et ont démenti l'affirmation faite par Trillo selon laquelle, le camion serait resté deux jours dans le port de la ville. "C'est une déclaration qui vise à justifier la thèse de la non-implication des militaires", a déclaré un responsable de la garde civile de la ville. "Le camion, dans lequel on a trouvé vingt-deux sacs de voyage de couleur kaki, est arrivé à la station maritime de la ville le même jour (lundi), et quelques heures après, un chien de la garde civile a détecté la drogue", a affirmé la même source. Par ailleurs, selon des affirmations de la délégation du gouvernement espagnol dans le préside occupé, il a été confirmé que la Garde civile, chargée de l'investigation, a interrogé huit personnes sans qu'il n'y ait de détention. "Il s'agit de personnes qui ont eu une certaine participation dans le chargement du camion ou de sa surveillance", a expliqué un porte-parole de la Garde civile. L'axe principal de l'enquête tourne autour du fait que le camion allait embarquer dans un navire militaire à destination d'Almeria où des manœuvres militaires allaient avoir lieu. Cela dit, le juge d'instruction de la chambre numéro quatre, qui dirige l'affaire, mène une enquête sur tous ceux qui sont en relation avec l'organisation de ces manœuvres et la préparation du convoi. Le commandement militaire a, pour sa part, annoncé l'ouverture d'une enquête administrative interne. Cette enquête aurait été ordonnée par le commandant général de Melillia, le général de division Jorge Ortega, qui en a chargé le Colonel du régiment des ingénieurs numéro 8, chef de l'unité à qui appartenait le camion. Côté politique, le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE) a exigé que le ministre de la Défense se présente, en urgence, devant le Congrès des députés pour expliquer les circonstances d'interception du camion et les décisions que le titulaire de la défense pense prendre. S'agissant des réactions sociales, l'impact de l'information a été fort sur la société espagnole, alors que l'armée espagnole a dépensé presque un million d'euros dans une campagne publicitaire pour convaincre les jeunes de ce pays de faire carrière dans les forces armées. Un effort qui est resté sans résultat puisque les recrutements de cette année ont été en deçà de toutes les prévisions.