Le véhicule de l'armée espagnole transportant la drogue, pour une valeur équivalente à 20 millions de DH, a été démasqué au port de Mellilia en partance pour Almeria. Le lobby militaire espagnol est le principal bénéficiaire de l'économie grise et des trafics en tous genres sur les présides. Des intérêts et des privilèges qui expliquent la montée en puissance de la pression de ce lobby sur le pouvoir central madrilène. Le gouvernement espagnol est confronté à un nouveau scandale qui touche son armée. La découverte, lundi, dans le port de la ville occupée de Melillia, d'un camion militaire espagnol chargé de 760 kilogrammes de Haschich est une affaire qui risque d'avoir de graves conséquences et de révéler d'autres secrets sur les comportements douteux des généraux espagnols. En effet, dans l'après-midi du lundi, vers quinze heures, la garde civile en poste dans le port de la ville spoliée de Melillia a intercepté un camion de l'armée espagnole qui se s'apprêtait à quitter la ville à destination de la péninsule alors qu'il était chargé de 760 Kg de résine de Cannabis. La drogue transportée par le camion militaire a été détectée par un chien de la garde civile du port dans un contrôle ordinaire qui est habituellement réalisé sur des véhicules qui embarquent de ce port vers la péninsule. Le Haschich était dissimulé dans des sacs de sport couleur kaki qui étaient cachés sous des vivres que ce camion transportait pour le compte du régiment des ingénieurs numéro huit. Aussi, faut-il mentionner que le camion allait embarquer à bord d'un navire de l'armée pour partir à Almeria où le régiment en question allait exercer des manœuvres militaires. Le camion intercepté devait servir pour le compte de la cuisine, ont affirmé des sources militaires à l'agence EFE. Selon des informations recueillies sur place, un juge d'instruction s'est immédiatement déplacé au port de Melillia pour se charger de l'affaire. L'enquête a été confiée à l'unité de la police judiciaire du commandement de Melillia qui est désormais chargée de déterminer les responsabilités et de retrouver les mandataires de cette tentative de trafic de drogue. Cette affaire est de nature à déclencher l'éclatement d'une suite de scandales puisqu'elle met à nu l'existence d'un grand trafic au sein des commandements militaires des deux villes occupées de Sebta et Melillia. An fait, la présence influente des militaires dans les deux présides et la nature spécifique des deux enclaves a permis aux responsables militaires en poste de se transformer en des barons des trafics toutes branches confondues. Bénéficiant du fait qu'ils contrôlent les pseudo-frontières existant avec le Maroc et toute la zone côtière, ils se sont impliqués dans les trafics de la drogue et dans l'organisation des opérations d'immigration clandestine. Rappelons qu'à maintes reprises, des soldats espagnols avaient été impliqués dans des affaires de trafic de personnes humaines et ce à Sebta comme à Melillia, en permettant le passage à des sub-Sahariens à travers les fameuses clôtures construites le long des frontières coloniales. Mais, à chaque fois, les personnes concernées étaient remises à leur commandement militaire et n'étaient pas présentées à la justice. La question qui s'impose, après l'éclatement de ce scandale du trafic de drogue dirigé par les militaires espagnols, est de savoir si le gouvernement populaire dirigé par José Maria Aznar permettrait que l'enquête judiciaire puisse aller jusqu'au bout pour déterminer les vrais coupables ou se mobilisera-t-il pour protéger, comme d'habitude, l'armée et ses généraux afin de "limiter les dégâts". Car, l'implication des officiers supérieurs est évidente. Et nul ne peut croire qu'une quantité aussi importante de drogue puisse pénétrer dans la ville, être acheminée vers une caserne militaire, et gardée dans l'enceinte militaire quelques jours jusqu'au jour de départ vers la péninsule pour des prétendues manœuvres militaires, pour être ensuite chargée dans un camion militaire faisant partie d'un convoi, sans que le commandement ne soit impliqué.