Marrakech. L'ANAPEC porte plainte contre ses propres victimes qu'elle a arnaqués dans la fameuse opération des trente mille emplois virtuels. Des manœuvres pour museler ces jeunes qui réclament leurs droits. «La meilleure défense réside dans l'attaque». L'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi et des compétences (ANAPEC) agit maintenant de la sorte. Après avoir mené en bateau environ 100.000 jeunes marocains dans l'opération des emplois virtuels à bord des bateaux de croisière, pendant plus de huit mois, cette agence passe aujourd'hui à une autre étape. Celle des manœuvres en vue de museler les milliers de candidats arnaqués, qui ne réclament que leurs droits les plus légitimes, indemnisation et traduction devant la justice des responsables ayant orchestré cette escroquerie de grande envergure. A Marrakech ce sont 1400 jeunes qui ont été arnaqués dans la fameuse opération d'Al Najat et de l'ANAPEC. Une fois l'arnaque est confirmée, les 1400 candidats organisaient des mouvements de protestation devant le siège du bureau régional de l'ANAPEC à Marrakech. Et malgré l'arnaque qui est confirmée et les multiples mouvements de protestation, les responsables de ce bureau régional, comme d'ailleurs ceux de l'agence nationale, n'ont donné aucune explication aux candidats passionnés d'avoir des informations. «Comment et pourquoi on a été arnaqué ?». Telle est la question à laquelle ils n'ont pas trouvé de réponse. Ces manœuvres de l'ANAPEC ont poussé les jeunes marrakchis arnaqués à organiser un sit-in devant le bureau régional, depuis le 14 octobre dernier. Ils passent toute la journée devant le bureau qui les a induits en erreur pendant longtemps. Le bureau qui leur a occasionné des dégâts moraux et matériels. Le bureau qui a été derrière la souffrance de plusieurs familles. Et enfin de compte, les responsables de ce même bureau, ceux qui ont orchestré cette arnaque, ont passé à d'autres manœuvres. Pour disperser le sit-in observé devant leur bureau, il y a plusieurs jours, ces responsables ont visé quelques éléments actifs du groupe arnaqué et les introduire en justice. Vieille histoire qui relève d'un temps qu'on croyait bel et bien révolu. Mardi 12 octobre l'ensemble des 1400 candidats arnaqués s'est déplacé au tribunal de première instance de la ville pour assister au procès préfabriqué de leurs camarades. Les autorités locales ont déployé un impressionnant dispositif de sécurité pour empêcher les jeunes arnaqués par l'ANAPEC à accéder à l'enceinte du parquet pour poursuivre ce procès virtuel. «Sans chercher à savoir de quoi il s'agit. Tout ce qui vient de l'ANAPEC est fictif», déclare Ismail, en précisant que «le juge qui étudie le dossier des accusations virtuelles de l'ANAPEC contre nous sait très bien que les agissements de cette agence allaient provoquer des émeutes dans tout le pays ». Ces jeunes ont été soutenus par des avocats, des associations des droits de l'Homme et de certains partis politiques. L'audience du mardi a enfin été renvoyée à mardi prochain.