Décidément, l'accouchement du cabinet Jettou est des plus douloureux. Donnée pour imminente depuis plusieurs jours, sa nomination ne cesse d'être retardée. Aux dernières nouvelles, le nouveau gouvernement, une combinaison de politiciens et d'apparentés, sera nommé jeudi 7 nombre au Palais royal de Rabat. À moins d'un énième report. Car les nouvelles qui nous parviennent ces derniers jours du front du gouvernement entrant sont contradictoires. Il y a de quoi dérouter les plus avertis des observateurs. Certains affirment que le Premier ministre désigné a ficelé son cabinet. Mais dans ce cas, pourquoi ce retard pour l'annoncer officiellement ? D'autres susurrent que M. Jettou est toujours aux prises avec quelques chefs de partis sur la ministrabilité de certains candidats. D'autres encore soupçonnent les formations concernées de saboter les efforts de M.Jettou en vue de former un exécutif qui tienne la route. Une chose est sûre : pour remplir la mission (délicate) qui est la sienne, Driss Jettou a fait preuve d'imagination et d'audace. Pour lui, pas question d'accepter n'importe quel ministrable que lui proposeraient ses interlocuteurs de peur de compromettre d'entrée de jeu les chances de réussite de son équipe qui est tenue à relever nombre de défis. Tout à sa détermination de dénicher des profils à son image, Driss Jettou est allé au-delà des partis dans sa quête de compétences quitte à les comptabiliser sur le quota de tel ou tel parti. Bonjour les apparentés. Voilà qui n'est pas de nature à plaire à ses interlocuteurs qui, tout d'un coup, se braquent, sachant qu'ils subiront les foudres de leurs députés et militants qui aspirent tous à un fauteuil gouvernemental. Pour convaincre ses partenaires de le suivre dans sa vision, M. Jettou a dû déployer des trésors d'énergie. D'où ce retard. Avec le Mouvement populaire (MP) qui a eu droit à quatre portefeuilles, le problème semble avoir été réglé grâce à un jeu de négociation très serré avec Mohand Laenser. En échange d'être ministre de l'Agriculture, celui-ci s'est résigné à donner l'étiquette MP à deux cadres choisis par M. Jettou : le secrétaire général de l'Onarep, Mohamed Boutaleb pressenti à l'Énergie et Mines et M. Chaghouri, secrétaire général de la CDG au Commerce extérieur. Le quatrième poste reviendrait au tout nouveau député de Rabat Omar Bahraoui, qui n'a intégré Le MP que récemment après avoir été SAP pendant des années. Tout comme les autres chefs des partis pressentis, Laenser doit connaître les noms des heureux élus de son mouvement. Mais il a préféré se murer dans un silence de cimetière. Histoire de ne pas réveiller la colère des siens qu'il comptait tenir dans l'ignorance totale jusqu'à la nomination officielle du gouvernement. Le black-out a été nourri par les patrons des partis. Comme ça, ils peuvent s'en laver les mains quand ils auront à rendre des comptes sur les deux apparentés. «Ce n'est pas moi qui ai choisi ces deux ministres. C'est Driss Jettou», s'empresseraient-ils de se justifier le cas échéant. L'istiqlal a aussi ses apparentés dont Karim Ghallab. Pour que les militants de ce parti se retrouvent dans le nouveau gouvernement, Driss Jettou peut y maintenir une figure connue comme Moulay M'hamed Khalifa. L'Istiqlal se contenterait-il seulement de la présence de ce dernier ? En effet, il semble que la combinaison de Driss Jettou, que l'intéressé croyait définitive, connaît des problèmes de dernière minute. Un cas parmi d'autres : Mohamed El Yazghi convoite le nouveau ministère de l'eau. On refait tout et on recommence ? À quand la fin des tractations et la nomination du gouvernement ? Décidément, l'accouchement est douloureux.