L'acharnement du Premier ministre israélien contre les populations civiles palestiniennes ravive, de part et d'autre, la flamme et dope les efforts des hommes et des femmes sincèrement épris de paix. Alors que l'armée d'Ariel Sharon se livre à un véritable génocide dans les territoires palestiniens occupés, des hommes politiques de la gauche israélienne et des responsables palestiniens, qui aspirent à recréer une dynamique de paix, ont organisé des réunions informelles qui ont abouti à l'adoption d'un protocole d'accord qui porte le nom d' «initiative de Genève», qui sera signé le 4 novembre prochain, date anniversaire de l'assassinat de l'ancien Premier ministre israélien Yitzhak Rabin. Comme on pouvait s'y attendre logiquement, l'initiative est loin de plaire au gouvernement d'Ariel Sharon qui a rejeté et critiqué cette rencontre qu'il a qualifiée de virtuelle. Ariel Sharon a même dit que les négociateurs israéliens étaient des «politiciens qui font de la diplomatie en free-lance». Une réaction somme toute logique, car le premier ministre israélien ne conçoit la fin du conflit qu'à travers une victoire militaire. L'agression qu'il mène actuellement à Gaza en est l'illustration. Le nombre de morts, de blessés et de maisons dynamitées atteste de la sauvagerie de l'armée israélienne qui a complètement détruit toutes les routes, le système d'adduction d'eau et les réseaux de téléphone et d'électricité. «Pourquoi Sharon est dangereux». C'est le titre d'un article de Gideon Samet, éditorialiste au quotidien Haaretz, qui écrit : «Parce qu'il n'a pas tenu ses promesses de ramener la paix et la sécurité en Israël. Parce que ses méthodes de politiciens tacticiens en font une bombe à retardement sous les pieds des Israéliens. Parce qu'il a renoué avec la méthode de l'incitation à la violence contre une gauche qui vient de boucler un accord de principe avec des dirigeants palestiniens de premier plan. Et, surtout parce que l'opinion israélienne continue, contre toute attente, à accorder sa confiance à un homme qui n'est jamais aussi fort que dans l'échec». Visiblement, l'alternative diplomatique de Genève dérange Ariel Sharon qui devra se replier sur la ligne verte, démanteler des implantations et partager al-Qods. Même si les Palestiniens devront renoncer au droit au retour des réfugiés et à certains attributs de souveraineté nationale. Pourtant des leaders, comme Marwan Barghouti ont chaleureusement appuyé l'accord de Genève, tirant la leçon de l'échec de l'option armée et renouant avec le processus inauguré à Oslo.