Après le triomphe en Israël du parti de droite, le Likoud d'Ariel Sharon, c'est la déception et la crainte chez les Palestiniens. La déception, l'amertume, mais aussi la crainte sont les sentiments qui prédominent chez les Palestiniens, qui vivent sous le couvre-feu dans les villes de Cisjordanie réoccupées par l'armée israélienne. Ils craignent, en effet, que la victoire du parti d'Ariel Sharon aux législatives israéliennes ne soit synonyme de nouvelles morts et destructions. Sans illusions, le responsable palestinien Saëb Erakat a averti que «les choses vont aller de mal en pis, le processus de paix sera gelé et la situation va se détériorer de plus en plus». Leïla Shahid, la représentante palestinienne en France, a estimé, quant à elle que «le camp de la paix» était «détruit» avec la défaite cuisante de la gauche aux législatives. Les populations s'attendent à «quatre ans de difficultés et de guerre, à la fois pour les Israéliens et les Palestiniens, et par le même cycle» de violences. D'autres, plus pessimistes, estiment tout simplement que c'en est réellement fini de la paix. Naplouse, comme toutes les grandes villes de Cisjordanie à l'exception d'Ariha (Jéricho), est contrôlée par l'armée israélienne qui a réoccupé la quasi-totalité de ce territoire en 2002, pour tenter de mettre un terme aux attentats suicide palestiniens. Les observateurs palestiniens estiment que si le Premier ministre israélien Sharon parvient à former le gouvernement de coalition qu'il souhaite, les négociations pourront reprendre. Sinon, la violence prévaudra. Dans la bande de Gaza, la plupart des Palestiniens s'attendent à une réoccupation complète de ce territoire par les troupes d'Israël après le scrutin de mardi, et chacun y va de ses craintes : expulsion de Yasser Arafat, massacres de Palestiniens sous couvert d'une éventuelle guerre des Etats-Unis en Irak. En effet, selon le ministre palestinien Azzam al Ahmed, Sharon ne manquera pas d'exploiter la guerre contre l'Irak que préparent les Etats-Unis pour relancer « sa propre agression contre les Palestiniens, à savoir la réoccupation de Gaza ». Abdelaziz Rantissi, un des principaux chefs politiques du Hamas à Gaza, estime que la victoire de Sharon conforte la position de son mouvement, qui revendique, du moins officiellement, tout le territoire de l'ancienne Palestine sous mandat britannique, qui comprend Israël. Toutefois, Ahmed Abdel-Rahman, proche collaborateur d'Arafat, n'exclut pas que la gauche pacifiste israélienne rebondisse plus rapidement qu'il n'y paraît au vu des résultats de mardi. « Je ne considère pas la victoire de Sharon comme le dernier mot du peuple israélien. Ce qui est arrivé hier est dans la nature de la situation actuelle, mais ne durera pas longtemps ».