Malgré l'obstruction israélienne, l'Autorité palestinienne a réussi à faire entendre sa voix à Londres. Israël ferme deux universités et assassine trois Palestiniens. Israël a fermé hier deux universités palestiniennes de Cisjordanie, assassiné trois Palestiniens à Tulkaram et Jénine, et démoli quatre habitations, appartenant à des Arabes, à Jérusalem. À Hébron, l'armée israélienne a fermé l'université islamique et l'Institut polytechnique. Une barre de fer ferme le portail de l'Institut tandis que des soldats encerclaient le bâtiment et imposaient le couvre-feu au voisinage. Des accrochages se sont produits entre des étudiants et la soldatesque israélienne qui a tiré tuant deux Palestiniens de passage, dont un mentalement malade. À Tulkaram, les forces de répression israéliennes sont entrées dans un camp de réfugiés. De violents échanges de tirs et de jets de pierres ont éclaté. Un troisième Palestinien a été assassiné. Un autre adolescent palestinien de 16 ans a été tué, toujours à Tulkaram, non loin du camp de réfugiés. Plus d'une vingtaine de militants palestiniens ont par ailleurs été arrêtés dans différentes régions de Cisjordanie et de Gaza. Sur le plan diplomatique, l'Autorité palestinienne a protesté hier contre l'interdiction qui lui a été faite par Israël de participer à Londres à la Conférence internationale sur les réformes des Institutions palestiniennes. Le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw a affirmé que la Conférence de Londres, convoquée par le Premier ministre Tony Blair, avait été «constructive». Lors de la Conférence, l'Autorité palestinienne s'était engagée à rédiger un projet de Constitution d'ici fin janvier et de présenter sous quinzaine de jours un projet de réforme de l'administration et de la fonction publique. Elle a précisé que le succès de ces réformes dépendait largement de la fin du blocus imposé par Israël au Peuple palestinien. M. Straw a en outre annoncé qu'il y aurait une rencontre du Groupe de Travail sur les Réformes palestiniennes du Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) à partir du 10 février. «La Conférence de Londres a dit haut et fort à Sharon arrêtez l'occupation, arrêtez la colonisation, arrêtez la démolition des maisons, les punitions collectives, les assassinats et arrêtez de transformer les villes et villages palestiniens en de grandes prisons », a lancé M. Saëb Arekat, ministre des Collectivités locales, commentant les résultats de la rencontre de Londres. Sur un autre plan, des centaines de soldats américains sont arrivés ces derniers jours en Israël pour des manœuvres militaires. Les soldats américains ont apporté avec eux des batteries de missiles «Patriot» et «Arrow» utilisés dans la défense anti-aérienne. Au niveau de la politique politicienne israélienne, le Parti travailliste a refusé par avance de s'allier avec le Likoud d'Ariel Sharon après les élections législatives du 28 janvier. Ariel Sharon est empêtré depuis plusieurs semaines dans des scandales de corruption qui ont réduit sa marge et terni son image au point que, faute d'une alliance au centre gauche, il ne saurait gouverner qu'avec l'appui de petits partis, d'extrême droite, racistes et ultra-religieux. « Nous ne ferons pas partie d'un gouvernement conduit par Ariel Sharon, point à la ligne. Ce sera nous ou lui. Les électeurs devront choisir entre l'Etat de droit et l'égalité de tous devant la loi, du Premier ministre jusqu'en bas de l'échelle, ou un mépris effronté pour celle-ci, a affirmé le président du Parti travailliste, Amaran Mitzna. Le refus de Mitzna, qui s'est prononcé clairement pour la reprise inconditionnelle des négociations avec l'Autorité palestinienne et l'évacuation à terme des colonies, prive Ariel Sharon de présider un gouvernement d'union nationale et le fragilise en le rendant prisonniers de petites formations.