Conscients des enjeux climatiques, les industriels marocains ont fait du développement durable un pilier de leur stratégie de développement. Nombreuses structures ont placé la donne environnementale au cœur de leur process industriel. C'est le cas de l'Office chérifien du phosphate (OCP) qui, dans le cadre de sa stratégie de transformation industrielle globale, a défini tout un programme pour la préservation des ressources naturelles. L'usage optimisé de l'eau s'érige en priorité pour le Groupe, leader sur le marché des phosphates et ses dérivés au Maroc et en Afrique. Le coût global du programme eau déployé par OCP s'élève à 5,6 milliards de dirhams (663 millions de dollars). L'Agence française de développement (AFD) contribue à ce projet à hauteur de 237 millions de dollars. Le KFW, établissement allemand de crédit pour la reconstruction, y consacre 70% des 271 millions de dollars prêtés à OCP pour la mise en œuvre du programme eau ainsi que des projets d'adaptation des laveries Merah et Daoui. A travers ce programme, OCP relève un enjeu de taille celui d'allier la rationalisation de l'utilisation actuelle de l'eau et la satisfaction des besoins futurs des installations minières et industrielles. Ce dispositif vient également d'intégrer les exigences de développement des groupements urbains environnants. OCP articule son «programme eau» autour de trois axes, à savoir la mobilisation des ressources en eaux non conventionnelles, l'optimisation de l'utilisation de l'eau sur l'ensemble de la chaîne de valeur, et la gestion optimale de l'utilisation des ressources en eau douce. De par sa vision, OCP ambitionne d'atteindre les objectifs de développement industriel avec la même dotation en ressources hydriques nationales qu'en 2010. Le but étant d'atteindre une croissance sans impact écologique via la réduction de 50% de sa consommation des eaux conventionnelles par rapport à la tonne produite. «Le besoin additionnel est assuré par le recours à de nouvelles sources d'eau non conventionnelles», apprend-on du Groupe.A ce jour, OCP a investi près de 1,4 milliard de dirhams pour mettre à disposition une capacité de 35 Mm3 d'eaux non conventionnelle. Grâce à ces investissements, l'Office restituerait 20% de la consommation au bassin Oum Er-Rbia. «Ainsi, les eaux usées traitées et eaux dessalées permettront de satisfaire plus de 60% des besoins industriels d'OCP à l'horizon 2028», précise OCP. Se référant à l'Office, le besoin restant sera assuré, au niveau des sites miniers, par les eaux de surface. Notons que depuis 2010, OCP a abandonné progressivement les prélèvements en eau à partir des nappes du Tadla et de la Bahira. Ils seront à terme totalement remplacés par les eaux de surface. Cette action vient en appui au Plan Maroc Vert et au Plan national de l'eau. Pour satisfaire les besoins industriels de ses sites miniers, OCP a lancé un programme d'adduction d'eaux de surface à partir des barrages Ait Messaoud (45Mm3/an) et Al Massira (18Mm3/an). Ce programme permet, en plus de la substitution des eaux souterraines, de réallouer géographiquement les prélèvements d'OCP en eaux de surface à partir du bassin versant de l'Oum Er‐Rbia.