Réagissant au dernier discours royal, le président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, Hassan Chami, plaide pour une révision du projet de la loi de finance. Pour lui, la maîtrise du budget de fonctionnement, en faveur davantage d'investissement, s'impose. En tant que président d'une association patronale, quelle est votre appréciation du dernier discours royal, dans lequel le Souverain a particulièrement insisté sur l'investissement ? Notre réaction ne peut être qu'extrêmement positive. Sa Majesté n'a cessé de rappeler l'importance de l'investissement dans l'économie nationale. Les thèmes économiques que le souverain a évoqués lors de son dernier discours, à savoir l'emploi, le développement économique, l'enseignement utile et le logement, correspondent tout à fait à ce que nous, en tant qu'association patronale, avons toujours défendu. Le tout dans un environnement économique où toutes les formes de blocage doivent être levées pour permettre une augmentation du volume d'investissement au Maroc. C'est une condition sine qua non au grand chantier de production que Sa majesté a évoquées. Est-ce que vous considérez que les mesures économiques entreprises jusqu'à présent par le gouvernement en faveur de l'investissement sont suffisantes ? L'investissement au Maroc, comme partout ailleurs, est un tout indivisible. Les mesures gouvernementales visant l'accroissement de l'investissement ont certes été positives. Nous en avons pour preuve la création des centres régionaux d'investissement et des zones industrielles à laquelle nous assistons depuis un certain temps, de même que les exonérations fiscales dont bénéficient les entreprises en constitution… Ce sont des initiatives que nous ne pouvons qu'applaudir. Mais ce sont aussi des mesures partielles et sectorielles. Or, elles ne peuvent être vraiment efficaces que si elles sont prises dans le cadre d'une optique de développement aussi globale qu'effective. C'est dans ce sens qu'il reste beaucoup à faire. Justement, quels points nécessitent une mobilisation dans les plus brefs délais, puisqu'il y a urgence ? Il s'agit surtout de la visibilité sociale qui tarde à venir et qui se traduit par le caractère conflictuel qui règne toujours sur les rapports entre l'investisseur et le travailleur. Au niveau du code du travail, la loi organique relative au droit de grève, ses motifs et les formes qu'elle peut prendre, sont d'une extrême urgence. D'ailleurs, la législation du travail est la seule à même de permettre à l'employeur comme à l'employé de connaître ses droits et obligation. Bien avant qu'un conflit, qu'elle qu'en soit la nature, ne vienne à naître. A cela s'ajoutent les coûts des facteurs de production, comme celui de l'énergie, qui doivent être alignés sur ceux des pays européens. Le seuil de ces coûts reste très élevé et constitue une entrave majeure à la compétitivité du produit marocain. Les échéances ne pardonnent pas. La fiscalité doit également être revue dans le sens de l'allégement. Autre point primordial est celui de la main-œuvre qualifiée. Tout développement économique et réussite d'investissement ne saurait se faire sans des cadres compétents et très qualifiés. Une réforme qualitative de la formation professionnelle est à établir au Maroc. Le projet de loi 2003 accuse une régression du budget alloué à l'investissement. Ne croyez-vous pas que cette décision va à l'encontre des hautes orientations du pays ? En effet, l'investissement subit toujours le lourd fardeau que représentent les frais de fonctionnement. Il faut absolument maîtriser de budget de fonctionnement et encourager, par les faits et la force de loi, l'investissement. Une révision de ce projet s'impose à notre sens. Et ce sera au prochain gouvernement de le faire. Encourager l'investissement passe également et fatalement par une levée totale de toutes les formes de blocage. C'est en cela que l'approche d'encouragement de l'investissement doit être globale, son application immédiate.