Trois hommes, trois candidatures, trois programmes. Le premier est le président sortant. Le deuxième, à la tête d'une fédération (PME/PMI), ne cesse de contester la gestion actuelle. Le troisième est le rebelle qui appelle, sans véritables chances de l'emporter, à sa refonte. Tous connaissent bien la CGEM, son fonctionnement, ses dysfonctionnements. Leurs profils et parcours ont peu de choses en commun, n'était-ce l'objectif qu'ils partagent : la présidence de la CGEM… et leur passion pour le golf, affichée fièrement dans les CV de deux d'entre eux. Les points de rapprochement s'arrêtent là, séparés par des visions différentes, même si le discours est le même : le développement de l'entreprise marocaine. Agé de 65 ans, Hassan Chami a fait ses premiers pas dans l'administration. Diplômé de l'Ecole des ponts et chaussées de Paris en 1961, il rentre au bercail où il occupe différents postes au ministère des Travaux publics. Il quitte d'administration en 1976 «pour voler de mes propres ailes», dit-il. Il participe à la création de plusieurs entreprises nouvelles à l'époque. Il s'agit de Farasol, une entreprise de forage et de fondations profondes, de Facemag (carreaux de revêtements sol et murs), Ingema, un bureau d'étude «fait par des Marocains», qui assure la conception et la surveillance de l'exécution des barrages au Maroc et Multitex, entreprise de textile. Positif quant au bilan de son mandat, M. Chami est décidé à défendre son bilan. «Notre programme s'inscrit dans la suite des réformes que nous avons déjà entamées. Nous comptons faire évoluer les structures de la CGEM afin de mieux répondre aux besoins de l'entreprise. Le tout, dans le cadre de la stratégie 2003-2007 ». Concurrent direct de Hassan Chami dans ces élections : Adnane Debbagh. Agé de 44 ans, l'homme dispose de plus d'une corde à son arc. Après des études universitaires à la Faculté de droit et des sciences économiques de Casablanca, il part poursuivre ses études à l'Hexagone, plus précisément à l'université de Grenoble. Une université dont il obtient en 1982 une maîtrise en économie, précédée par une licence en droit et suivie par un diplôme d'études approfondies en économie internationale ainsi qu'un diplôme d'études approfondies en relations internationales de l'université de Lyon. Cadre dans une banque de la place pendant cinq ans après son retour au Maroc, il crée en 1990 une unité industrielle de textile. Il participe agilement à la création de plusieurs autres projets (Donna Lisa, Elecamar, Consenergy). Son positionnement est renforcé par la création d'une deuxième entreprise, Dmatex, dont il est l'administrateur général. Vice-président sortant de la CGEM, M. Debbagh est également le fondateur de la Fédération PME-PMI en 1996. Usfpéiste convaincu, M. Debbagh ne voit aucune contradiction entre son statut de vice-président d'une association patronale et son appartenance politique. « Mon appartenance, à caractère personnel, à l'USFP, n'influe nullement sur l'avenir de l'entreprise au Maroc. Le processus de prise de décision au sein de la CGEM ne dépend pas de la seule personne de son président. Ce serait trop facile », répond-t-il. Pour lui, une nouvelle approche susceptible de porter la CGEM dans une optique fédératrice qui accompagne et stimule le changement, s'impose. D'où son programme, axé sur trois principaux éléments. Il s'agit de la nécessité d'accroître la cadence de la mise à niveau de l'économie par la consolidation et le développement des acquis, tous secteurs confondus, le développement de l'espace comme opportunité d'investissement -comme cela a été fait pour le tourisme- à travers la régionalisation et une meilleure synergie entre les PME et les Grandes entreprises. Un programme qui s'inscrit dans une logique de rupture, contrairement à celui du président sortant. M. Debbagh insiste également sur le rôle des associations professionnelles que son programme compte appuyer. Ceci, par la recherche de moyens de financement capables « de permettre leur envol le plus rapidement possible ». Un envol prévu selon lui dans un délai allant de 6 à12 mois et qui consiste à leurs accorder les bases nécessaires (locaux, personnel…) à leur fonctionnement. Le but est qu'elles puissent proposer des services aux adhérents à même de garantir un élargissement de ces derniers ainsi qu'un autofinancement, dans un délai de 12 mois, de ces associations. Des évaluations périodiques seront tenues régulièrement. « Notre action s'inscrit dans un caractère délibératif marqué par des réunions mensuelles avec le Conseil national du patronat et le Bureau de la CGEM », conclut-il. Le troisième candidat à cette course est Mourad Belmaâchi. Sans études universitaires, il s'agit néanmoins d'un battant qui a fait son entrée dans l'univers de l'entreprise très tôt. Agé de 37 ans, il s'est investi dans le textile, l'hôtellerie et l'importation des produits dentaires. Il présente un programme axé sur le rajeunissement de l'équipe dirigeante, une restructuration des instances décisionnelles, une répartition plus équitable de la masse salariale (au sein d'une association dont la direction s'accapare la part du lion des salaires) et le lancement d'une campagne nationale pour faire adhérer les dizaines de milliers d'entreprises, encore réticentes. Au risque près de le voir se retirer au dernier moment. Dépourvu de véritables chances de l'emporter, M. Belmâachi n'en pas moins son mot à dire, à la faveur de l'un et au grand dam de l'autre.