Tant attendue, l'Assemblée générale extraordinaire de la CGEM a eu lieu, mardi dernier à Casablanca. À l'ordre du jour : refonte des statuts de la Confédération. Un projet adopté avec une majorité écrasante. Annoncée, il y a quelques jours, comme chaude, l'Assemblée générale extraordinaire de la CGEM (Confédération générale des entreprises du Maroc), qui s'est tenue mardi dernier à Casablanca, s'est finalement déroulée dans une ambiance sereine. De quoi se poser des questions. Selon une source proche de la CGEM, sous couvert de l'anonymat, tout a été préparé, il y a un mois, pour faire passer le projet de réforme des statuts : campagne corps à corps, envoi de SMS, tournée auprès des entreprises,… «Le jeu a été joué à l'avance », a déclaré notre interlocuteur, qui qualifie les travaux de l'Assemblée générale de la Confédération de «mise en scène». À en croire celle-ci, le président de la CGEM, Hassan Chami, dont le mandat prendra fin au mois de juin 2006, aurait pu être un homme de politique. Lui qui, tout au long des travaux de cette assemblée, n'a cessé de parler de démocratie. «Le texte présenté aux membres de la Confédération a fait l'objet d'un long cursus démocratique», a tenu à préciser le patron des patrons qui, avant même la présentation du projet, était contre toute forme de concession. « La CGEM ne fait pas de marche arrière, surtout quand il s'agit de démocratie ». Devant les membres de la Confédération, Chami a tenu un discours politique, mais aussi économique. «La fait d'dapter les statuts de la CGEM aux nouvelles mutations économiques doit être inscrit dans la permanence», a fait savoir ce dernier. Certes, une refonte des statuts de la Confédération était inévitable, vu les nouvelles mutations économiques nationales et internationales, mais cela ne pouvait avoir lieu sans un consensus global. Et c'est ce qui est arrivé en fin de compte. La nouvelle copie des statuts de la CGEM, qui a, pourtant, fait couler beaucoup d'encre, a été expédiée comme une lettre à la poste : 1294 voix contre 300. « Les 22 % qui ont voté contre sont tous des PME-PMI. C'est dire que les petites et moyennes entreprises sont allées jusqu'au bout dans leur combat », a expliqué notre source. Il faut dire que l'équipe, qui a travaillé sur ce projet, a su le vendre. Meilleure représentativité et plus de démocratie, tels sont les principaux arguments de vente avancés par Chami et Co. «Dans le pourtour méditerranéen, la représentativité est fonction de la taille de l'entreprise. Dans cette région, il n'y a pas un seul pays qui applique le principe « une voix, une entreprise », a tenu à préciser le président de la CGEM. Même son de cloche chez Abdelhak Sedrati, qui a piloté le projet. « Le principe une voix, une entreprise est anti-démocratique. Cela occulte les avancées démocratiques », a fait remarquer ce dernier, qui rejoint la même idée de Kamil Benjelloun, membre actif au sein de la CGEM. «Dans les pays démocratiques, comme le Danemark, plus on est riche, plus on cotise». Pour Bouchaïb Benhamida, président de la Fédération des bâtiments et travaux publics, le principe «une voix, une entreprise» est un faux débat. «Il ne faut pas que la polémique s'installe au sein de la CGEM. Le projet contient beaucoup d'avancées, comme le droit d'écoute ». Intervenant en tant que vice-président de la Fédération des PME-PMI, Abdelmalek Kettani, est venu défendre la position de la Fédération de la petite et moyenne entreprises sans, toutefois, tomber dans le piège de la confrontation. « Notre position est claire : une voix, une entreprise. Elle vaut ce qu'elle vaut, mais il faut dire aussi qu'on n'a rien fait pour les PME ». Du militantisme et de la solidarité, il n'y en a pas uniquement chez les petites structures, mais également chez les grands groupes. « Nous, en tant que fédération de textile, nous adhérons non pas aux statuts, mais au processus de démocratisation de la CGEM. Nous sommes à fond avec la CGEM », a tenu à souligner le président de l'AMITH, Hakim Tazi.