Pour Hassan Chami, le projet de loi de Finances 2004 ne répond pas aux revendications du patronat. Selon le président de la CGEM, la seule alternative est d'essayer d'attirer le plus d'investissements possibles afin de pallier aux contraintes posées. ALM : Après votre entrevue avec le Premier ministre, vous avez laissé entrevoir votre satisfaction quant à la prochaine loi de Finances. Etes-vous dans le même état d'esprit ? Hassan Chami : Nous n'avons jamais exprimé notre satisfaction. Lors de cette rencontre, le Premier ministre nous avait expliqués les bases de cette loi de Finance. M. Driss Jettou nous a exposés les contraintes traditionnelles qui handicapent le budget, liées notamment à une lourde masse salariale et à l'énorme poids de la dette d'un côté, et l'impact des résultats du dialogue social sur le budget de l'Etat, d'un autre. A ceci, s'ajoutent des contraintes supplémentaires qui sont nées au lendemain des attentats du 16 mai dernier. Et malgré ces contraintes, nous avons constaté que le gouvernement maintenait le cap surtout en ce qui concerne la création d'investissements dans les infrastructures. L'accélération du réseau autoroutier et la mise en place de nouvelles infrastructures portuaires en sont un exemple. Pensez-vous que le gouvernement a les moyens de réaliser ces ambitions ? Je dirais que chacun de nous ne peut vivre et évoluer sans avoir ses propres ambitions. Ceci étant, être ambitieux est une chose, disposer des moyens pour réaliser ses ambitions en est une autre. Pour ce qui est de la loi de Finances, la seule issue à mon avis est d'essayer d'attirer le plus d'investissements possibles. Pour ce, il faut compter à mon avis sur ce qui peut provenir du secteur privé. Pour encourager les investisseurs privés, notamment les étrangers, beaucoup de choses doivent être revues, à commencer par la mise à niveau de l'entreprise marocaine. A ce sujet, le programme préparé par le gouvernement ne répond pas à nos attentes, vu la période relativement longue que nécessiterait sa mise en place. L'échéance 2010 et le démantèlement douanier ne nous laissent vraiment pas beaucoup de temps. Les chantiers déjà entamés doivent être également menés à terme. Je fais allusion aux différentes réformes du Code de travail, de la réglementation du droit de grève, de la législation économique. En outre, l'accélération de la réforme de l'administration et le renforcement de son efficacité deviennent une nécessité. Dans ce domaine, le Maroc a pris un retard considérable par rapport à ses voisins. Il n'y a qu'à voir les derniers rapports de la Banque Mondiale qui mettent en exergue les lourdeurs administratives et la bureaucratie qui ne peuvent que freiner les investissements étrangers dans notre pays. Justement, que pensez-vous du budget d'investissement qui est en stagnation depuis plusieurs années ? C'est un constat. Depuis une dizaine d'années, le budget de fonctionnement est passé de 25 milliards de dirhams à 60 milliards de dirhams alors que le budget d'investissement n'a pas beaucoup évolué et tourne depuis longtemps aux alentours de 18 milliards de dirhams. Au Maroc, on ne fait pas d'économie sur le fonctionnement alors qu'on ne cherche pas de nouvelles sources de financement. Heureusement que l'investissement des institutions publiques et les contributions du Fonds Hassan II redressent la balance et ramènent ce budget d'investissement de 20 milliards à 70 milliards de dirhams. D'autres revendications de la CGEM en rapport direct avec l'IGR et la TVA n'ont également pas été prises en considération. Qu'en pensez-vous ? Pour ce qui de l'Impôt sur le revenu, la CGEM avait trois revendications. La première se rapportait à l'alignement de cet impôt aux taux que la Charte de l'investissement prévoit, c'est-à-dire le baisser de 44 % à 41,5 %. La seconde se rapporte à la tranche basse de la grille de l'IGR qu'il faudrait revoir, au même titre que la tranche supérieure, appelée à changer. J'avoue que ces revendications coûteraient très cher mais le principe d'instaurer la réflexion à ce sujet est important à nos yeux. Le gouvernement n'a pas retenu toutes ces revendications et nous a proposés de substituer cette baisse de l'IGR par une baisse du coût de l'électricité qui continue d'alourdir la comptabilité de nos entreprises. Une révision totale de cet impôt est également à l'ordre du jour en vue de valoriser le pouvoir d'achat du citoyen marocain. Pour ce qui est de la TVA, une baisse d'un point est insignifiante. Elle pénaliserait le Trésor public de quelque 800 millions et ne rapporterait pas grand-chose en contrepartie. Ceci dit, nous pensons qu'une TVA à 20 % ne fait qu'encourager l'informel.