Le président de la CGEM, Hassan Chami, estime que toute réforme doit se faire dans l'adversité. Pour le patron des patrons, le projet de budget pour 2005 est en-deçà des attentes des entrepreneurs. ALM : Quelles remarques faites-vous sur le projet de loi de finances 2005 ? Hassan Chami : Très sincèrement, je pense que le projet de loi de finances pour l'exercice 2005, tel qu'il se prépare actuellement, est très en-deçà des attentes des acteurs économiques marocains. Certes, la conjoncture internationale et la lutte contre le criquet, qui représente une réelle menace, ne facilitent pas la tâche au gouvernement. Toutefois, la compétitivité de l'économie nationale sur le plan international est étroitement liée au rythme des réformes économiques ainsi que ceux ayant trait à la justice, à l'administration, etc. A ce titre, nous avons affirmé à nos interlocuteurs gouvernementaux qu'un pays se réforme dans la difficulté et l'adversité non pas dans la facilité. Que reprochez-vous exactement à ce projet ? Je citerai, tout d'abord, l'exemple de la baisse de l'IGR de 44% à 41,5%. Le gouvernement nous a promis cela l'année dernière. Encore une fois, cette baisse a été différée à l'exercice 2006. Autre exemple qui illustre notre déception: la réforme de la fiscalité. Sur quels points le système fiscal marocain est-il critiquable? En fait, le système fiscal marocain a été inspiré dès le début des années 1980 de celui des pays occidentaux. Aujourd'hui, il a montré ses limites. D'ailleurs, les pays européens ont effectué plusieurs réformes depuis les années 1980. Notre fiscalité ne peut plus être résumée en trois impôts, à savoir la TVA, l'IS et l'IGR. Que proposez-vous comme réformes en matière fiscale ? Je pense qu'il est temps que le gouvernement mette au point une véritable réforme pour la fiscalité locale. Le Premier ministre, Driss Jettou, nous a assuré que son gouvernement va bientôt réaliser cette réforme. Aussi, le Maroc doit avoir une fiscalité qui réponde aux exigences et aux spécificités des PME, dans le but de les doter d'une certaine crédibilité. Je pense également au secteur informel, qui pèse lourd sur notre économie nationale. Le Maroc doit mettre sur pied une fiscalité capable d'attirer les entreprises qui évoluent dans le secteur informel vers la légalité. En dépit des problèmes conjoncturels, quelles sont, selon vous, les réformes que le gouvernement peut aisément lancer ? Je citerai deux exemples. Tout d'abord, la baisse de la TVA, entre 7% et 12%, et sa généralisation à tous les secteurs sans exception, afin de mettre un terme aux situations de rentes que connaissent certains secteurs. Le deuxième exemple concerne la patente. Celle-ci est calculée sur l'investissement. Nous souhaitons que le plafond de 50 millions de DH dont bénéficient les nouveaux investissements doit également profiter aux anciens. Quels sacrifices le patronat compte-t-il faire pour l'économie marocaine ? Franchement, s'il y a une partie de l'économie marocaine qui fait des sacrifices, c'est bien l'économie organisée. Nous nous sommes jetés dans l'économie de marché sans aucun filet de protection, contrairement à d'autres pays concurrents du Maroc. Contrairement à ce qu'on affirme, le patronat marocain investit énormément. Nous avons atteint dernièrement un milliard de DH en achat de matériels. Ce sont des investissements qui nous permettent d'intégrer l'économie mondiale.