Entretien avec Saloua Karki-Belkeziz, présidente de la Fédération des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring (APEBI) ALM : L'APEBI vient de tenir une séance de travail avec le ministre de l'industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique au sujet de la stratégie digitale à l'horizon 2020. Quelles sont les principales déductions que vous avez faites de cette réunion ? Saloua Karki-Belkeziz : Nous sommes satisfaits des échanges. Nous avons eu deux ministres pour le prix d'un. Non seulement, il y avait Moulay Hafid Elalamy mais également le ministre délégué Mamoun Bouhdoud. Les deux ministres, parrains de la stratégie, nous ont fourni plus de détails sur la vision Maroc Digital 2020. Les deux ministres nous ont fait part du planning qu'ils se sont fixé pour la mise en œuvre de la stratégie. Moulay Hafid Elalamy s'est engagé à faire passer le texte de la création de l'Agence nationale pour le développement numérique cette semaine en Conseil de gouvernement. Le texte de loi sera ainsi présenté lors de la session extraordinaire du Parlement. Les choses s'activent de sorte que le directeur de l'Agence soit nommé bien avant la fin du mandat de Moulay Hafid Elalamy. Nous sommes satisfaits de l'aboutissement de ce projet auquel on a fédéré. Cependant, il faut rester vigilant quant à la mise en œuvre de la stratégie et hisser le secteur au niveau des exigences des professionnels. Qu'est-ce qui différencie cette vision digitale de la précédente ? Tout d'abord cette vision répond parfaitement aux objectifs stratégiques définis par l'APEBI. Nous avons participé pleinement à son élaboration. Nous sommes satisfaits qu'une bonne partie de nos propositions soit prise en compte. Rappelez-vous que la dernière stratégie adoptée par le gouvernement était Maroc Numeric qui malheureusement n'a pas abouti à cause d'une mauvaise gouvernance. C'est pourquoi nous avons insisté à ce qu'une instance indépendante soit mise en œuvre en vue de se charger de l'application de Maroc Digital. Ceci s'est traduit par l'annonce de la création de l'Agence nationale pour le développement numérique qui jouera un rôle déterminant dans le déploiement de la stratégie, pour la simple raison que le digital touche l'ensemble des secteurs. Il était temps de créer une instance qui assurera plus d'homogénéité et plus de transparence. La vision permettra, par ailleurs, de faire entrer le Maroc dans le monde du digital, et ce à travers plusieurs piliers, à savoir la dématérialisation, la transparence de l'information, la recherche et la transformation numérique de la PME-PMI qui au lieu d'investir dans le matériel informatique optera, éventuellement, pour des solutions cloud beaucoup plus viables. Quelles seront les attributions de l'Agence nationale pour le développement numérique ? L'agence sera notre principal et unique interlocuteur. Dans ce sens, nous demandons qu'elle soit indépendante et dotée de moyens humains et matériels adéquats. L'agence, comme je l'ai cité, devra garantir une homogéneité des projets IT. Au niveau législatif elle veillera à ce que les choses évoluent de façon concrète. Il ne faut pas oublier qu'au niveau des marchés publics nous travaillons avec des codes qui ne sont pas du tout adaptés à notre secteur. Il faut que l'administration ait un modèle de cahier des charges qui puisse répondre à notre secteur. Quel rôle jouerait le Maroc dans la coopération digitale Sud-Sud ? L'un des objectifs que nous nous sommes fixés depuis la prise de fonction en janvier dernier est de promouvoir le Maroc en tant qu'acteur de référence à l'échelle africaine. C'est dans cette optique que nous organisons le premier Aitex Africa-Expo prévu pour septembre prochain. Certes, on s'y est pris rapidement, mais nous ne pouvions faire autrement. Nous avons jugé que le moment etait opportun pour promouvoir notre stratégie digitale. Nous ne ménageons aucun effort pour réussir cette première édition. Avec l'aide de Maroc Export, nous prendrons en charge une centaine de donneurs d'ordre africains. Cet événement donnera au Maroc une grande notoriété sur le plan digital et consolidera les échanges digitaux entre les différents pays de la région.