Rabat, du 20 avril au 4 septembre 2016, le temps s'étire et déploie ses replis. Le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain expose l'œuvre intemporelle de l'un des artistes les plus marquants du XXe siècle : Alberto Giacometti (1901-1966). Organisée en collaboration avec la Fondation Alberto et Annette Giacometti, cette première grande rétrospective en Afrique offre au public des sculptures, peintures et œuvres graphiques de l'artiste suisse suivant un itinéraire chronologique et thématique qui retrace son parcours impressionnant et aborde les principaux thèmes de sa réflexion. Depuis son inauguration, la rétrospective Giacometti a attiré plus de 5.000 visiteurs. «Giacometti, l'art en étude» Des ateliers et des conférences ont été programmés pour étoffer l'exposition des œuvres de Giacometti. Dans ce cadre, le Musée MohammedVI a accueilli mercredi 13 juillet à 19h une conférence autour du sujet «Giacometti, l'art en étude». Organisée en partenariat avec l'ambassade de Suisse au Maroc, elle a été animée par l'historien de l'art Casimiro Di Crescenzo, spécialiste de l'œuvre du célèbre sculpteur. Mehdi Qotbi, président de la Fondation nationale des musées du Maroc, a rappelé, au début de la conférence, l'importance et la qualité de cette exposition qui représente une fenêtre sur le monde de l'art généralement et une introduction à celui de Giacometti particulièrement. Casimiro Di Cresenzo a ensuite rendu hommage à Alberto Giacometti à travers son récit passionnant, retraçant sa vie depuis sa naissance jusqu'à son décès, en mettant en avant l'influence de l'art africain sur ses créations. L'historien – qui travaille en ce moment sur une publication de la correspondance d'Alberto Giacometti et sa famille- a ensuite transporté les masses vers le plaisir de la découverte ou les retrouvailles avec Giacometti, le temps d'une visite guidée durant laquelle il a analysé certaines œuvres dont on ne retient généralement que des formes humaines longilignes, indéchiffrables, quasi abstraites. Parmi ces œuvres, la Boule Suspendue, «une métaphore du couple ou du rapport sexuel entre l'homme et la femme, réalisée lorsqu'Alberto Giacometti était proche du groupe surréaliste parisien», d'après Di Cresenzo. Faite en métal et en plâtre, elle représente une sphère fendue à sa base, suspendue, effleurant une sorte de banane un peu phallique. Une allusion érotique enfermée dans «une cage» comme la plupart des peintures et sculptures de l'artiste dont la recherche obstinée de la représentation de la figure humaine a trouvé dans l'art de ces 30 dernières années un écho tout particulier. Les silhouettes féminines élancées vers le ciel, les têtes et les figures masculines tassées qui auraient pu n'être que pittoresques, se parent d'une profondeur prononcée que Casimiro Di Cresenzo relaie dans ses propos, en répondant aux questions de la représentation de l'espace, du rôle du socle, de la relation de la figure à l'espace ou celle des figures entre elles. Plus d'art à venir ! Après les grands César et Giacometti, Picasso sera exposé à Rabat à partir d'avril 2017 pour la première fois en Afrique et au Maghreb. Il s'agit d'une collaboration entre le musée national de Picasso-Paris et le Musée Mohammed VI d'art moderne et contemporain-Rabat, d'après Mehdi Qotbi. Pour ceux qui avaient apprécié la Rétrospective Giacomatti, le plaisir sera sans doute vif de retrouver une autre grande signature au Musée MohammedVI. Pour les autres, une occasion de se rattraper se présente, vous avez jusqu'au 4 septembre pour découvrir l'œuvre d'Alberto Giacometti, en apesanteur entre sculpture, peinture et série de photos du temple de sa créativité. Soukaina Zoubir (Journaliste stagiaire)