Il n'y a pas actuellement de Canadiens d'origine marocaine élus dans les instances politiques canadiennes. Ceux qui s'engagent dans cette voie sont aussi en nombre limité. L'intérêt des nouvelles générations laisse entrevoir que la donne pourrait bien changer. «Les Canadiens issus de l'immigration ont un taux de participation très faible, voire nul dans certaines communautés aux élections municipales, provinciales et fédérales dans le pays d'accueil», tel est le constat qui a été fait dernièrement lors d'une rencontre organisée par le Forum des compétences canado-marocaines. C'était sur le thème de l'engagement politique et la diversité. Rita de Santis, ministre en charge de l'accès à l'information et de la réforme des institutions, tempère cependant ce constat sur le taux d'implication des immigrants dans la vie politique. Elle rappelle que toutes origines confondues, au niveau provincial au Québec, on compte aujourd'hui 7 députés issus de l'immigration sur 125 députés au total au sein de l'Assemblée nationale. A l'échelle fédérale, les députés issus de l'immigration à Ottawa sont au nombre de 27 sur 338 que compte l'Assemblée nationale. Ces chiffres sont loin toutefois de refléter la diversité de la société canadienne. Dans ces milieux il n'y a aussi actuellement pas de Canadiens d'origine marocaine, souligne Barek Kaddouri, homme politique et acteur associatif. Il s'était présenté aux élections fédérales de 2015 dans la circonscription de Vimy dans la ville de Laval. «Je ne me souviens pas avoir été témoin d'une véritable volonté d'inciter les Québécois d'origine marocaine et les gens issus des minorités visibles à prendre part à la vie démocratique», avance-t-il en retraçant son immersion dans la société civile. Barek Kaddouri, Québécois d'origine marocaine, raconte ainsi comment il y a 33 ans en s'installant au Canada, précisément dans la ville de Laval, il s'est impliqué de suite dans les associations d'étudiants et les actions communautaires. Des initiatives personnelles qui lui ont permis de comprendre les rouages de la politique locale et ses attenants. Il incite ainsi tout nouveau immigrant à s'impliquer dans la société civile pour mieux s'intégrer et devenir acteur du changement. Pour cela, il préconise l'adhésion à un parti quel qu'il soit. «La participation à une élection permet de ne plus se retrouver à l'écart et faire entendre la voix de notre communauté», soutient Barek Kaddouri. C'est aussi en s'impliquant dans la société civile que Djaouida Sellah, Canadienne d'origine algérienne, en est arrivée à faire de la politique au Québec. Médecin de profession avec une longue expérience dans son pays d'origine, elle raconte comment à son arrivée au Québec elle a été confrontée aux barrières de l'Ordre professionnel des médecins. Elle a décidé ainsi d'en faire son cheval de bataille à travers l'Association québécoise des médecins diplômés hors-Canada et Etats-Unis dont elle a été longtemps la présidente. Son lobbying en faveur de cette cause finit par la mener à la politique, préférant «agir et réagir que subir». Au cours de ce parcours, elle a été députée sous l'étiquette NPD (Nouveau parti démocratique) à la Chambre des communes dans la circonscription québécoise de Saint-Bruno-Saint-Hubert sur la rive Sud de Montréal de 2011 à 2015. Marwah Rizqy, une Canadienne d'origine marocaine, est aussi un exemple réussi en politique au Canada. Elle s'est présentée aux élections fédérales de 2015 dans la circonscription Hochelaga, sous l'étiquette du Parti libérale. Fiscaliste de formation, elle est la seule Canadienne à détenir un doctorat en fiscalité et occupe aujourd'hui un poste de professeure adjointe en fiscalité à l'Université de Sherbrooke. Avocate également, elle est membre des barreaux du Québec et de New York. En politique, celle qui fait désormais partie de l'équipe nationale économique du Parti libéral caresse le rêve à long terme de devenir la première femme ministre des finances du Canada. Ilyes El Ouarzadi, un autre Canadien d'origine marocaine, fait aussi partie de la relève politique. Il a été attaché politique en 2012 pour le ministre délégué aux finances du Québec. La nouvelle génération de Marocains du Canada laisse donc entrevoir un grand intérêt pour la politique du pays d'accueil. Formés, diplômés, la relève a toutes ses chances d'y faire sa place et d'y arriver. Au-delà de s'impliquer dans le développement du pays d'accueil, l'intérêt de la démarche relève d'une meilleure intégration, notamment au niveau du marché du travail.