La relève est assurée dans le milieu de la communauté marocaine au Canada. La nouvelle génération assure et promet. Engagés, dynamiques et visionnaires, les jeunes marocains du Canada en veulent. Bien qu'ils forment la seconde génération d'immigrés et soient bien intégrés dans leur pays d'accueil, ils restent très attachés à leur origine et constituent déjà pour certains d'entre eux dans leur milieu respectif des exemples de réussite. En organisant tout dernièrement dans le cadre des journées du Maroc au Canada une rencontre dédiée à ce vivier de compétences, le Centre culturel Dar Al Maghrib, en partenariat avec le Forum des compétences canado marocaines, a bien sûr voulu créer l'émulation dans le milieu. Portraits de certains d'entre eux. Hiba El Aidi, futur médecin A peine 17 ans, Hiba El Aidi sait déjà ce qu'elle veut et quelle sera sa vocation plus tard. Installée au Canada avec sa famille depuis l'âge de six ans, elle se dit bien intégrée. «Je suis Marocaine et Québécoise, c'est le meilleur des deux mondes», soutient-elle. Cette année, elle vient de décrocher son baccalauréat international et se prépare à intégrer dès la rentrée un programme de sciences de la santé dans un Cégep (collège d'enseignement général et professionnel) anglophone, pour par la suite s'inscrire en médecine à l'université. Ce projet est bien sûr pour honorer ses parents qui ont immigré pour permettre à leurs enfants de poursuivre leurs études. Mais c'est aussi une promesse qu'elle veut tenir. «J'ai promis à ma tante qui a perdu la vie à cause d'un cancer que je deviendrais médecin pour soigner cette maladie», raconte la jeune fille. La situation des malades du cancer, elle y est depuis très sensible. Au cours de sa dernière année de secondaire elle a dédié son projet personnel, inscrit au programme de sa formation, à l'organisation d'une soirée marocaine au Canada lors de laquelle elle a parrainé deux causes. Outre la collecte de fonds pour acheter des cartables aux enfants démunis au Maroc, l'événement était aussi dédié à la lutte contre le cancer. Opération réussie sous tous les angles. Non seulement le dîner gastronomique et les spectacles ont enchanté les participants, mais Hiba a pu réunir des fonds pour ses causes. Et pour couronner le tout, son projet personnel a décroché la deuxième place dans un concours régional avec en sus un chèque. Ses performances scolaires consacrées par une moyenne de 92% lui ont permis aussi de remporter une bourse pour poursuivre ses études. Et ce n'est pas tout ! Elle a également remporté deux médailles au concours canadien de mathématiques. Quelle est la clé de sa réussite? Elle dit aimer étudier et apprendre plus qu'autre chose. Ce qui lui laisse quand même du temps pour faire du piano et du chant. Nour Zirat, la politicienne Mordue de politique et d'enjeux internationaux, la voie de Nour Zirat semble tout traçée. Montréalaise depuis l'âge de 8 ans, Nour Zirat est née au Maroc, précisément à Rabat. Aujourd'hui à l'âge de 17 ans elle se considère comme une jeune canadienne d'origine marocaine pleinement épanouie. Malgré son jeune âge, elle a déjà un parcours très riche et s'intéresse particulièrement au droit, à la politique et à l'actualité. «J'ai commencé à m'impliquer dès l'âge de 11 ans. Tout a commencé avec la webtélé de mon père qui m'a donné le goût de la communication et de la participation citoyenne. Ce qui fait qu'à 12 ans, j'animais déjà des reportages et entrevues», raconte-t-elle. Elle a fait également très tôt ses premiers pas dans la société civile et les milieux politiques. A 15 ans, elle siégeait déjà au conseil d'administration du forum jeunesse de l'île de Montréal et disposait d'un blog suivi par plus de 3.000 personnes. Elle ne s'arrêtera pas là. Campagne électorale, congrès politiques à titre de déléguée, plateaux télé, Nour est partout et a un agenda bien rempli. A 16 ans, elle a été élue vice-présidente du conseil d'administration du forum jeunesse de Saint-Michel où elle dit s'impliquer de manière presque quotidienne durant toute l'année. Et pas seulement! Elle investit aussi dans d'autres organismes de la ville. Grâce à cette implication, elle a été élue bénévole de l'année, relève des 18 ans et moins de son arrondissement par la ville de Montréal en 2015. Aujourd'hui, jeune bachelière, après cinq semaines en immersion anglaise à l'université York à Toronto, elle s'apprête à entamer dès cet automne des études au renommé collège Jean-de-Breboeuf. Elle compte par la suite poursuivre des études universitaires en droit international ou en relations politiques. «Je n'ai pas encore fait mon choix. Cependant, une chose est sûre, mon métier me permettra de continuer à m'investir dans ma société, à inciter le changement et à travailler pour une société à l'image du 21e siècle», souligne-t-elle. Pour elle, «l'engagement des jeunes dans la société est primordial car ça nous permet de prendre notre place très tôt et de préparer notre terrain d'action pour notre future carrière», poursuit-elle. En attendant, son engagement est aussi en faveur de ses origines. Elle est une des initiatrices du projet «Fontaine marocaine pour Montréal», qui consiste à ériger au cœur de Montréal une fontaine à l'occasion du 375ème anniversaire de la ville l'an prochain. Un cadeau que souhaite faire la communauté marocaine à la métropole. Mohammed Ayman Nechchad, footballeur professionnel C'est par le sport que Mohammed Ayman Nechchad se distingue brillamment dans sa société d'accueil. A tout juste vingt ans, il est déjà connu et reconnu pour ses compétences en football américain. Membre de la Team World de l'IFAF (International Federation of American Football) et de l'équipe nationale du Maroc de football américain, Ayman a à son palmarès plusieurs victoires. C'est le résultat d'une longue ascension à force d'efforts et de travail. Tout a commencé dès sa tendre enfance lors de laquelle il a réussi son intégration par le sport dans sa terre d'accueil le Canada où ses parents se sont installés alors qu'il était tout juste à ses 6 ans. Durant le primaire, le sportif en herbe s'essaya à plusieurs activités telles que le soccer, hockey, tennis, patinage de vitesse ou encore la natation. Il s'accrocha finalement au football américain, sport auquel il fut initié, raconte-t-il. Le jeune homme débute ainsi sa carrière dans le football américain l'été de 2008. Au cours de son parcours, il collectionnera les succès et les honneurs. En 2014, il fera partie de l'équipe nationale du Maroc de football américain lors du championnat africain. Les lions de l'Atlas remportent le tournoi et se qualifient ainsi pour la Coupe du monde de football américain, une première africaine et arabe. Nechchad est désigné meilleur joueur du championnat africain. En janvier 2015, il participe au camp de sélection regroupant les meilleurs joueurs de 19 ans et moins de l'ensemble de la planète. «Près de 100 jeunes se sont présentés, mais seulement 45 d'entre eux ont réussi à se tailler une place au sein de l'équipe de l'IFAF», précise-t-il. Il devient alors le premier africain à représenter le continent africain au sein de la Team World. Ce fut le dernier match officiel du jeune marocain. Aujourd'hui Ayman œuvre dans différentes organisations en tant qu'entraîneur. Le jeune homme contribue également au sein de différents organismes communautaires. Au niveau académique, il détient un diplôme de sciences humaines profil monde du Cégep du Vieux-Montréal et débutera ses études universitaires en sciences politiques à l'Université de Concordia dès cet automne. Parallèlement, le professionnel travaille avec un groupe de personnes afin de concrétiser un projet au Maroc pour l'année 2017. «L'attachement à mes origines est très important à mes yeux et c'est pour cela que je voudrais travailler sur le terrain afin d'initier d'autres jeunes au sport. Mes objectifs à long terme sont le développement et la création d'une fédération de football américain au Maroc. Je voudrais voir un jour le football américain ou le flag football comme sport olympique afin de pouvoir défendre les couleurs du Maroc au plus grand rendez-vous sportif», lance-t-il. Ilyes Ouarzadi, financier Titulaire d'un baccalauréat trilingue en finance et en affaires internationales de HEC Montréal, Ilyes El Ouarzadi, 26 ans à peine, a déjà plusieurs casquettes dans son quotidien. Conseiller financier spécialisé en placements et en services aux PME pour la Banque CIBC, Il est aussi trésorier du Forum des compétences canado-marocaines (FCCM) depuis octobre 2015. Et pas seulement! Représentant officiel de l'instance du Parti libéral du Québec à Ste Rose, Ilyes est aussi ancien attaché politique du ministre délégué aux finances du Québec. Il a été de même, entre autres, représentant régional de la ville de Laval au Conseil des représentants de la commission-jeunesse du Parti libéral du Québec. Le jeune homme s'est distingué aussi à plusieurs reprises lors de compétitions et événements. En effet son parcours est parsemé de reconnaissances de la part des autorités canadiennes et maghrébines. Passionné par l'entrepreneuriat, il a remporté le prix du jury à l'issue de sa seconde participation au Startup Weekend Montréal. Son équipe s'est démarquée à cette occasion avec la meilleure application mobile. «Nous sommes parvenus à réaliser un sondage auprès de plus de 100 personnes, nous sommes allés chercher des clients potentiels de divers supermarchés et surtout nous avons développé un prototype fonctionnel de l'application sur Android, pendant les 48 heures qu'a duré le Startup Weekend», raconte-t-il. Engagé, impliqué, Ilyes se fait un devoir d'exceller en tout pour faire honneur à ses parents. Il reste aussi très attaché à ses origines malgré son intégration réussie dans son pays d'accueil. Acteur actif du forum des compétences canado-marocaines, il est de tous les événements de l'association. «Notre prochaine manifestation est le Startup Weekend Montréal que nous allons organiser en novembre 2016 pendant la Semaine entrepreneuriale mondiale. Elle portera sur la FinTech, un domaine prometteur également pour notre patrie, à travers des projets phares en Afrique comme la Casablanca Finance City», souligne-t-il.