Première compagnie de danse contemporaine au Maroc, la compagnie Anania présente trois représentations de sa dernière création «Cœur sans corps» au Théâtre de l'Institut français de Meknès, les 23, 24 et 25 novembre 2004. «Un visage déformé et une seule jambe, c'est ce qui restait de ce corps défiguré, jeté sur la côte méditerranéenne. Cette image, qui m'a profondément touché, m'a poussé à chercher et à comprendre le pourquoi de cette volonté fatale de quitter son propre pays, sa culture, son origine… et de se jeter dans les bras de la terreur». C'est en ces termes que résume le jeune artiste marocain Taoufiq Iziddiou le désarroi de toute une génération de jeunes marocaines qui choisissent, un jour, de quitter leur terre, à la recherche d'un lendemain autre que celui du désespoir, au risque de leur vie. Un déclic qui n'a pas tardé à se traduire en création chorégraphique, dont il est l'auteur -tant sur le plan chorégraphique que scénographique. Une création, «Cœur sans corps», que présentera la compagnie Anania, première compagnie de danse contemporaine au Maroc, les 23, 24 et 25 novembre 2004, au théâtre de l'Institut français de Meknès. «Cœur sans corps» est une interrogation sur le mot «clandestin», interprétée par sept jeunes danseurs marocains issus de la formation à la danse contemporaine «Al Mokhtabar», rejoints par Marjorie Moy, danseuse interprète française. Une création qui fait office d'un laboratoire de recherche continue dans la mesure où chaque geste ou mouvement quotidien est une surce pour créer une nouvelle phrase dansée. La recherche, ou l'interprétation, se fait au travers de deux éléments-symboles : la Tarija et le métal. Le son que transmet la Taârija, n'est autre que la voix de la terre. «Plus qu'un instrument musical, la Taârija est un héritage, un lien avec notre terre, notre pays natal, c'est notre identité qu'on a commencé à oublier», dit Taoufiq Iziddiou. Le métal est le son du drame. Un drame qu'on appelle «clandestin». Les préparatifs de cette création ont commencé à Marrakech, où se déroule la formation «Al Mokhtabar». L'équipe artistique a ensuite séjourné pendant quatre semaines au Riad Batha, en résidence d'artistes, une tradition instaurée depuis deux ans par l'Institut français de Fès-Meknès. Invitée du Centre chorégraphique national de Tours, la jeune équipe a approfondi sa recherche artistique. Une expérience nouvelle pour ces jeunes qui voyagent pour la première fois à l'étranger. De retour au Maroc, leur aventure artistique continue. «Cœur sans corps» est née.