La justice et le Congrès espagnols se sont penchés lundi sur la procédure d'interdiction du parti Herri Batasuna, considéré comme la branche politique de l'organisation séparatiste basque ETA. «A partir de lundi, le compte à rebours commence pour le bras politique de la terreur, ils ne vont pas avoir une minute, pas une seconde de répit, ni de la part du gouvernement, ni des forces politiques démocratiques, ni des juges», avait affirmé samedi soir depuis les Baléares le chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar, devant plusieurs centaines de militants de son Parti populaire (PP, droite). Ce lundi, le juge Garzon chargé du dossier devait en effet décider la suspension provisoire, pour une durée maximale de cinq ans, des activités de Batasuna, après avoir obtenu vendredi le soutien sans faille du ministère public. Dans ses conclusions, le parquet avait en effet notifié que «Batasuna fait partie de l'organisation terroriste ETA (...) comme élément fondamental pour terroriser la population et atteindre ses buts». Pour le ministère public, Batasuna est « soumise » à l'ETA, dont les attentats ont fait plus de 800 morts en Espagne en 34 ans. Une suspension de Batasuna impliquera la fermeture de ses locaux, l'interdiction d'organiser des manifestations publiques ou d'utiliser le sigle et le nom de Batasuna. Les dirigeants du parti – dont les élus pourront achever l'exercice de leur mandat – ont pour leur part fait savoir que cette interdiction n'était qu'une «décision politique» s'inscrivant «dans une stratégie d'anéantissement de la gauche indépendantiste basque». Ce lundi, le gouvernement a aussi convoqué une session extraordinaire du Congrès, avec pour seul ordre du jour, le vote d'une motion incitant l'exécutif à saisir le Tribunal Suprême d'une demande d'interdiction de Batasuna. Le lancement de cette procédure avait été rendu possible par le vote d'une loi sur les partis politiques, approuvée en juin dernier par plus de 90 % des députés espagnols.